Nazek El Atab, mémoire à la carte

 Nazek El Atab, mémoire à la carte

crédit photo : L’Oréal


La prochaine génération de stockage miniaturisé sera sûrement le fruit des recherches de Nazek El-Atab. La jeune chercheuse des Emirats Arabes Unis pousse toujours plus loin les limites des mémoires électroniques.


Téléphones, ordinateurs, appareils photo mais également équipements médicaux ont bénéficié d’une miniaturisation impressionnante ces dix dernières années. Toutefois, les méthodes traditionnelles de réduction de taille des mémoires électroniques semblent avoir atteint leurs limites, comme l’explique Nazek El-Atab : “En deçà de 100 nanomètres (100 000 fois plus petit qu’une puce, ndlr), les performances se dégradent.”


 


Tout un “nanomonde” à découvrir…


La chercheuse de 25 ans travaille depuis quatre ans sur les ressources du “nanomonde” à l’Institut des sciences et technologie de Masdar (Abou Dabi, EAU), cette ville pionnière qui pousse en plein désert et s’affiche écoresponsable (lire encadré). Formée à l’université libanaise Rafik-Hariri de 2009 à 2012, l’étudiante en ingénierie de l’informatique et de la communi­cation est captivée par le monde des nanotechnologies. Elle découvre leurs utilisations potentielles dans notre quotidien, de la médecine à la cosmétique en passant par les matériaux de constructions et les ­microprocesseurs.


En 2012, elle intègre le laboratoire de nano-électrique et de photonique du professeur Ammar Nayfeh à l’Institut des sciences et technologies de Masdar à Abou Dabi. Passionnée, elle se spécialise dans l’élaboration des cartes mémoire à partir des nanotechnologies.


Cette quête conduira Nazek El-Atab à effectuer ­plusieurs stages en tant que chercheuse, invitée à l’université de Bilkent, en Turquie, en 2013, puis à l’université de Stanford en Californie l’an dernier. Elle y étudie ­différents procédés de fabrication. Forte de cette expérience, Nazek El-Atab teste aujourd’hui un procédé de dépôt par couche atomique. Son défi consiste à stocker 1 bit de données dans moins de 100 nanomètres de ­mémoire avec un voltage de 4 volts. Une première ­victoire pour elle : “Je peux ainsi optimiser les performances de mes nanostructures en adoptant ma ‘recette’ de fabrication couche par couche.”


Ce jeune talent a déjà signé une dizaine d’articles dans des revues scientifiques dont la prestigieuse ­Nature. Elle poursuit à présent ses investigations dans les nouvelles nano-mémoires. L’enjeu ? Produire des périphériques plus performants qui permettront une électronique encore plus rapide avec une durée de vie de batterie extrêmement longue. Et le fonds souverain national d’Abou Dabi, mais également du bureau de ­recherche de l’US Navy, s’intéressent de très près au nanomonde de Nazel El-Atab…


 


MASDAR, LA PREMIÈRE UNIVERSITÉ DÉDIÉE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE


Masdar, aux Emirats Arabes Unis, est un pôle technologique mondial émergent et l’un des pôles urbains les plus durables au monde. La ville a été créée en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT). C’est une petite Silicon Valley des énergies renouvelables.


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