Le Festival d’Avignon parle arabe. Une langue monde à l’honneur

 Le Festival d’Avignon parle arabe. Une langue monde à l’honneur

Plus qu’un hommage, c’est une traversée sensible, politique et artistique d’une langue monde, qui continue d’éclairer les imaginaires

Pour sa 79e édition, le Festival d’Avignon célèbre la langue arabe, portée par des artistes venus du Maroc, de Tunisie, de Syrie, du Liban, de Palestine ou d’Irak.

C’est ainsi que s’exprime le Festival à propos de cette invitée d’honneur ; « Langue de lumière, de dialogue, de connaissance et de transmission, l’arabe est souvent – dans un contexte polarisé à l’extrême – pris en otage par les marchands de violence et de haine qui l’assignent à des idées de fermeture et de repli sur soi, de fondamentalisme et de choc des civilisations. L’inviter au Festival, c’est choisir de faire face à la complexité politique plutôt que l’esquiver, de faire confiance à la capacité qu’ont les arts de créer des espaces de débat et de commun ».

Tous partagent un lien profond à leur territoire, à leur culture, à leur langue, qu’ils défendent avec des formes artistiques contemporaines et audacieuses. En tant que partenaire, l’Institut du monde arabe (IMA) s’associe à plusieurs moments clés de cette programmation, entre spectacles, débats, récitals et grandes célébrations.

13 juillet – Langue(s) arabe(s) : entre diversité et transmission

Le « Café des idées » ouvre la réflexion sur la langue arabe et ses usages pluriels. Animée par le linguiste Fouad Mlih, cette double session explore la richesse linguistique du monde arabe et sa profondeur historique.

Première partie : Une langue arabe, des langues arabes ?
L’arabe littéraire, utilisé dans les écrits et les discours officiels, coexiste avec une diversité remarquable de dialectes. D’où viennent ces variétés ? Quel est le rôle des cultures populaires et des nouveaux médias dans l’émergence d’un arabe globalisé ? Cette discussion éclaire les tensions entre norme et oralité, entre prestige littéraire et usages quotidiens.
Avec Nisrine al Zahre.

Seconde partie : Textes fondateurs et puissance narrative
Un voyage entre poésie antéislamique et Coran, entre textes philosophiques et récits populaires, pour comprendre comment la langue arabe s’est construite comme matrice de civilisation. De Kalila et Dimna aux Mille et Une Nuits, en passant par Averroès, cette langue monde a dialogué avec les savoirs de l’Occident, porté les grandes pensées et chanté les luttes.
Avec Ibrahim Akel, Jean-Baptiste Brenet et Pierre Larcher.

14 juillet – Oum Kalthoum sous les étoiles d’Avignon

Dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, le Festival rend hommage à Oum Kalthoum, figure emblématique de la musique arabe. Cinquante ans après sa disparition, la chanteuse égyptienne reste un pont vivant entre tradition et modernité.

Sous la direction musicale du producteur libanais Zeid Hamdan, sept voix issues de différentes scènes musicales se retrouvent pour revisiter son répertoire : Camelia Jordana, Souad Massi, Maryam Saleh, Abdullah Miniawy, Danyl, Natacha Atlas et Rouhnaa.
Une production magistrale qui incarne l’esprit de cette 79e édition : pluralité, réinvention et mémoire vivante.
Coproduction IMA, Festival d’Avignon, Printemps de Bourges et Maison de la Culture de Bourges.

15 juillet – « Nour » : une nuit poétique pour la langue arabe

C’est l’un des temps forts de la programmation : une nuit entière dédiée à la langue arabe dans tous ses états. Poètes, musiciens, chanteurs, danseurs et comédiens – vingt-trois artistes au total – célèbrent l’arabe dans sa richesse musicale, littéraire et politique.

De la poésie soufie au rap, du melhoun au raï, des vers andalous aux refrains populaires, cette nuit tisse les liens entre les époques et les luttes. Elle fait entendre les voix d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.
Mise en scène par Julien Colardelle et Radhouane el Meddeb, cette veillée polyphonique met à l’honneur une langue visuelle, sonore, savante et rebelle.
Avec, entre autres, Emel Mathlouthi, Nawel Ben Kraïem, Mahdi Mansour, Jumana Mustafa, Rodolphe Burger, Walid Ben Selim, et bien d’autres.

16 juillet – Walid Ben Selim, poésie sous la lune

Pour clore ce cycle, l’IMA propose un récital en plein air avec Walid Ben Selim. Ce poète et rappeur franco-marocain, pionnier du hip-hop engagé au Maroc, revient avec une création inspirée du vent et de la nuit.

Accompagné de musique et de projections, il interprète notamment Le Lanceur de dés, ultime œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich. Un moment de poésie musicale, entre souffle intime et élan collectif, présenté pour la première fois à l’IMA en 2023.

Une langue, mille résonances

Cette 79e édition du Festival d’Avignon donne à la langue arabe une place d’honneur, non pas figée mais pleinement vivante. En dialoguant avec le théâtre, la musique, la philosophie ou la danse, elle révèle toute sa modernité et sa puissance d’évocation.

Plus qu’un hommage, c’est une traversée sensible, politique et artistique d’une langue monde, qui continue d’éclairer les imaginaires.

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