Les tirailleurs sénégalais peuvent rentrer dans leur pays tout en gardant leurs pensions

 Les tirailleurs sénégalais peuvent rentrer dans leur pays tout en gardant leurs pensions

Premiere Guerre mondiale, 1914-1918: Photographie d’une troupe de tirailleurs sénégalais à Paris. Environ 30 000 tirailleurs africains sont morts sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. © Selva / Leemage / Leemage via AFP

Alors que sort en salles le film Tirailleurs sur le sort des combattants d’Afrique noire pendant la Première Guerre mondiale, le ministère des Solidarités a annoncé que d’anciens tirailleurs, majoritairement sénégalais, vont pouvoir rentrer définitivement dans leur pays d’origine, tout en continuant à percevoir leur minimum vieillesse.

 

D’anciens tirailleurs sénégalais, des soldats ayant combattu pour la France, vont pouvoir rentrer définitivement dans leur pays d’origine, tout en continuant à percevoir leur minimum vieillesse. Une décision relayée par France Info alors que le film Tirailleurs fait ses débuts au cinéma ce mercredi.

L’Office des anciens combattants a recensé une quarantaine de vétérans âgés de plus de 90 ans. Une « vingtaine » d’entre eux ont déjà reçu cette dérogation « à ce stade », confirme le ministère des Solidarités. Ces tirailleurs sont sénégalais, mais aussi maliens ou mauritaniens.

Jusqu’à présent ces vétérans devaient résider au moins six mois de l’année en France pour percevoir leur minimum vieillesse. Alors même qu’ils sont nés et ont souvent de la famille dans les anciennes colonies françaises. Raisons pour lesquelles ils menaient depuis plusieurs années une bataille administrative pour finir leur vie dans leur pays d’origine.

 

950 euros par mois

En l’état actuel, cette « mesure de tolérance » ne s’applique que pour le minimum vieillesse de 950 euros par mois. Mais l’Association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais, qui se bat pour eux, n’entend pas s’arrêter là. Elle réclame notamment qu’ils perçoivent aussi leurs autres allocations, telles que la CAF ou d’éventuelles pensions d’invalidité.

Ces anciens soldats sont des vétérans de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Algérie. Créé par Napoléon III en 1857 au Sénégal, d’où son nom, le corps d’infanterie des tirailleurs s’est ensuite élargi dans son recrutement à des hommes d’autres régions d’Afrique occidentale et centrale conquises par la France. Ils ont servi dans toutes les guerres françaises de la fin du XIXe siècle à l’indépendance de leurs pays.

Une mémoire peu connue

Selon l’historien Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Grande Guerre, « 30 000 sont morts (entre 1914 et 1918), ce qui représente un mort pour six mobilisés ». Soit une proportion de décès proche de celle des soldats français, précise-t-il.

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Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais participent à la bataille de France en 1940. Subissant la haine des soldats allemands, beaucoup d’entre eux sont massacrés après leur reddition. Le tata sénégalais de Chasselay dans le Rhône regroupe ainsi les corps de 188 tirailleurs victimes d’un de ces massacres. Ces soldats jouent ensuite un rôle majeur dans la libération du sud de la France. Puis plus tard seront engagés en nombre pour combattre en Indochine.

Rached Cherif