Deux pilotes français achètent un avion pour repérer et sauver les migrants en mer

 Deux pilotes français achètent un avion pour repérer et sauver les migrants en mer

Deux pilotes ont investi leurs économies pour acheter un avion et repérer les navires de migrants en détresse.


Ils ont investi leurs économies dans l'achat d'un avion pour la cause des migrants : deux pilotes français commenceront vendredi leurs patrouilles au large de la Libye, pour repérer des embarcations en détresse, a-t-on appris mercredi auprès de l'un d'eux.


« Les conditions météo devraient être ce jour propices aux départs des canots de migrants de la côte libyenne et, en conséquence, à notre première patrouille. Aujourd'hui, il y a trop de vent », a déclaré Benoît Micolon, interrogé depuis Malte. À 35 ans, il est l'un des deux fondateurs de l'association « Pilotes volontaires » avec son confrère José Benavente, 49 ans.


Leur monomoteur léger « Colibri », un MCR-4S capable de parcourir « plus de 1 500 kilomètres par jour », est arrivé lundi à Malte en provenance d'Annemasse (Haute-Savoie). Les deux amis espèrent assurer depuis cette île « 20 vols par mois », d'une durée « de quatre à huit heures chacun ». Les deux Français comptent quadriller une bande de 150 kilomètres de long sur 50 km de large devant Tripoli, « là où se concentrent naufrages et sauvetages de migrants ».


« Depuis le ciel, le champ de vision élargi et la vitesse de vol permettent de couvrir une zone de recherche très étendue. La capacité de repérage depuis les airs est environ 100 fois supérieure à celle des bateaux », explique leur association sur son site internet.


 


Appel aux dons


José Benavente et Benoît Micolon, qui se sont connus à l'école de pilotage de Lyon-Bron en 2003, ont investi au total 130 000 euros. Ils en appellent aujourd'hui aux dons. « Nos réserves financières personnelles sont limitées et nous allons avoir besoin d'aide supplémentaire », précise sur le site M. Benavente, un professionnel des opérations humanitaires depuis près de 25 ans, dans un message vidéo. Le budget de l’association est en effet évalué à 280 000 euros par an.


En outre « des dizaines de pilotes » se sont déjà manifestés pour prendre le relais. Les deux pilotes français doivent en effet mener leurs patrouilles sur leur temps de congés annuels. L’un d’eux est d’ailleurs pilote de ligne sur Boeing 747 dans le civil.


Depuis 2017, l'ONG allemande Sea-Watch, qui a affrété plusieurs navires humanitaires au large de la Libye au cours des dernières années, organise également des patrouilles aériennes les jours de beau temps à l'aide du Moonbird, un petit avion lui aussi basé à Malte et qui a régulièrement aidé à repérer des embarcations en détresse.


Depuis le début de l'année 2018, au moins 370 migrants sont morts ou ont disparu au large de la Libye, selon un bilan de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), alors même que les arrivées en Italie ont chuté d'environ 70% par rapport aux dernières années.


Rached Cherif


(Avec AFP)


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