France. Augmentation de la délinquance chez les étrangers

Selon un rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), la délinquance étrangère aurait augmenté depuis 2006. Une étude qui tombe comme par magie le jour où Nicolas Sarkozy décide d’annoncer sa candidature.

Sur près de 306 000 « mis en cause » par la police et la gendarmerie en France, pour des vols ou dégradations, 17,3% seraient le fait d’étrangers. Voilà ce que dévoile en substance cette nouvelle étude réalisée par l’ONDRP et commandée par le ministre de l’Intérieur Claude Guéant.

Ce nouveau chiffre tombe juste après l’annonce de l’examen le 1^er mars à l’Assemblée nationale d’un projet de loi UMP visant à augmenter les expulsions d’étrangers condamnés. Pile le jour où le président sortant a décidé d’annoncer une candidature qui tournera autour du thème de l’immigration.

Le parti socialiste ne croit pas à la coïncidence. Pour François Rebsamen, le conseiller sécurité de François Hollande, « il n’y a pas de hasard en politique », la publication de cette étude « imprime l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy d’un parfum nauséabond ».

Dans l’autre camp, le son de cloche n’est pas le même. Le député UMP Eric Ciotti, contacté par l’AFP, a, lui, salué la « confirmation d’une surreprésentation des étrangers » dans la délinquance.

Selon lui, ce rapport « balaie la polémique un peu ridicule après le discours de Grenoble », prononcé à l’été 2010 par Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État avait provoqué une vive polémique en établissant pour la première fois un lien entre délinquance et immigration, un thème cher au FN.

Le parti d’extrême-droite n’a pas mis longtemps à réagir. Son numéro 2, Louis Alliot, s’est réjoui que pour « la première fois, un organisme officiel » pointe du doigt le lien entre « immigration et insécurité ». « Ça ouvre les yeux de tous nos compatriotes sur les méfaits d’une immigration massive et incontrôlée ».

Une délinquance en hausse chez les Roumains

Basée sur des statistiques officielles, l’étude détaille la « part des étrangers » dans plusieurs catégories d’infractions. Pour les violences aux personnes, elle est de 12,4%, un chiffre en baisse par rapport à 2006 (14,2%). Par contre, elle est en hausse pour les atteintes aux biens (12,8% à 17,3%).

L’ONDRP a également tenté, en s’appuyant sur deux fichiers de police et de gendarmerie (Stic et BNSD), de tenter de définir l’âge, le sexe et la nationalité des étrangers « mis en cause » entre 2008 et 2010. S’appuyant sur le Stic, un fichier contesté par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), le nombre de Roumains aurait « plus que doublé » durant cette période. Une augmentation qui frôlerait les « 95% » selon la BNSD.

L’ex-Yougolslavie est aussi dans le viseur.« Le nombre de personnes mises en cause pour vols » originaires de cette ancien pays se serait « accru de 65% selon la police, de plus de 90% pour les gendarmes ».

Pour le Stic, il y a eu une augmentation de 40% du nombre d’étrangers « mis en cause » par la police depuis 2006. Une tendance qui ne touche pas seulement les personnes originaires des pays de l’Est. L’ONDRP explique que cette hausse toucherait également « les mis en cause pour vols d’autres nationalités » citant les Algériens ou les Tunisiens.

Selon les chiffres de cette étude, en 2010, 79 829 étrangers (UE compris) ont été condamnés sur un total de 628 039 condamnations dans le pays, soit une part de 12,7%.

Malgré ça, le criminologue Alain Bauer, président de l’ONDRP préfère mettre en garde contre « l’interprétation » des chiffres. Pour Sébastian Roché, sociologue au CNRS, il ne faut pas que ces chiffres conduisent à comparer « deux populations qui ne sont pas comparables ». Les étrangers étant « plus pauvres, plus urbains et dotés d’un niveau scolaire plus faible », souligne-t-il.

Un message adressé à tous ceux qui voudraient broder un raccourci facile pour attirer dans leur filet.

Jonathan Ardines