France. Premier jour de vote pour les Algériens

 France. Premier jour de vote pour les Algériens

Beaucoup d’Algériens de France ont voté malgré la faible communication sur cette élection législative algérienne. Photo Mehdi Fedouach / AFP..


Pour ce premier jour de l’élection législative algérienne en France, les électeurs étaient nombreux à avoir fait le déplacement. Malgré la méconnaissance des candidats et la situation politique instable, les Algériens n’ont pas boudé ce scrutin. (Photo AFP)

 


« On ne connaissait aucun candidat, on n’a rien reçu dans nos boîtes aux lettres, c’est honteux », se désespère Samira. Cette mère de famille, « fonctionnaire à Saint-Denis depuis 26 ans » quitte tout juste le consulat d’Algérie de Bobigny. Elle vient de voter, « plus par amour de mon pays que par connaissance des candidats ». Deux hommes aux cheveux grisonnants s’approchent et abondent dans son sens.


Pour ces élections législatives algériennes organisées du 8 au 10 mai en France, la communication n’a pas été à la hauteur des attentes. « Pas un candidat n’est venu nous rendre visite », se lamente l’un deux. « Comme les députés, une fois élus, ils deviennent invisibles », ironise l’autre.


Malgré cela et la petite pluie fine qui commence à tomber, les Algériens de France continuent d’affluer. Pendant trois jours, ils vont voter pour élire deux représentants pour la zone nord du pays et autant pour la zone sud. Un choix difficile quand on ne connait pas les candidats. Samira a décidé en discutant avec ses parents, ça sera « FLN, j’ai demandé à des gens dans le bureau, ils m’ont dit que c’était le candidat numéro 5, j’ai voté pour lui ».


 


« Une très bonne organisation »


À l’entrée, deux agents de sécurité orientent les électeurs vers un premier guichet. Carte consulaire et inscription sur les listes électorales sont requises. On récupère un numéro qui permet, une fois entré dans le consulat, de se diriger vers son bureau.


Passé l’obscurité du patio, un long couloir de lumière amène vers les bureaux de vote. Là, de chaque côté, des affiches des candidats sont accrochées avec une partie de leur programme. Chacun y va de son coup d’œil.


Bien souvent venus en famille, les électeurs se consultent. Comme Farid, Nadja et leurs deux jeunes enfants. Pas encore bien décidés, ils savent déjà pour qui ils ne voteront pas, « pas les partis au pouvoir et encore moins le FLN qui refuse à chaque fois le débat », assure Farid les yeux rivés sur une affiche.


Une fois le couloir traversé, de nombreuses petites salles, bien remplies, faisant office de bureaux de vote témoignent de la mobilisation. Pas comparable à l’élan populaire des élections législatives tunisiennes de l’an dernier, mais de bon augure pour l’avenir de l’Algérie.


« Il y a beaucoup de monde et de nombreux jeunes, ça, ça fait vraiment plaisir », avoue Ali, vice-président d’un bureau de vote. À l’intérieur, un chemin de table a été installé jusqu’à l’urne. Présentation des papiers d’identité, choix des bulletins parmi les 23 candidats présents puis direction l’un des deux isoloirs. Enfin, c’est l’heure du vote et du doigt trempé dans l’encrier.


« C’est un peu à l’ancienne », rigole Hichem, jeune Franco-Algérien venu voter pour la première fois. Accompagné de son ami Nordine, les deux ne manquent pas de faire la comparaison avec les élections françaises, « ça n’a rien à voir », affirme Hichem. À l’écoute, un jeune père de famille sourit. « Il y a quand même une très bonne organisation, ça va vite, on n’a pas à patienter », se réjouit-il.


 


« Les gens ne savaient même pas qu’il fallait voter »


Devant le consulat, le va et vient permanent continue. Quelques jeunes, beaucoup de parents souvent accompagnés de leurs enfants ont profité de ce jour férié pour venir voter.


Toufik Kouider, militant pour le jeune parti Jil Jahid fait partie des observateurs. Pour la première fois, cet étudiant a décidé de s’engager politiquement. Après des semaines de tractations sur le terrain, il ne s’étonne pas de l’absence d’information autour de ces élections. « Sur le terrain on distribuait des tracts, mais les gens ne savaient même pas qu’il fallait voter » témoigne-t-il.


Selon lui, la campagne d’information a été « lamentable ». Si des réunions ont eu lieu, elles ont bien souvent mobilisé des « employés des consulats qui avaient une moyenne d’âge de 40 ans ». Aucun papier dans les boîtes aux lettre ou si, mais au cas par cas : « Sur 100 personnes, il y en avait peut-être 3 ou 4 qui avaient reçu quelque chose ! » raconte Toufik. Une « désinformation » orchestrée pour certains. « Pour mieux garder le pouvoir, le plus simple est de minimiser l’importance des élections », nous lance un homme dans un soupir.


L’inscription aussi a posé problème. « Il suffisait de s’inscrire sur internet, c’était très simple, mais ils n’ont ouvert que durant une semaine », se désole Toufik. Devant la grille d’entrée du consulat, on préfère positiver. « Certains disent que voter ne changera rien mais si on ne dit rien, ça sera toujours la même chose », s’exclame Ali, confiant quant à l’avenir du pays.


Hichem et Nordine sortent aussi du consulat. « Heureux d’avoir voté », les deux jeunes croient aussi à un avenir meilleur pour leur pays d’origine. « Tous les ans, je rentre là-bas, il y a de plus en plus de routes, les commerces se développent. Tout va s’améliorer en Algérie », assure Hichem avec le sourire.


Jonathan Ardines


 




 

Jonathan Ardines