France. Sarkozy s’attaque aux syndicats pour gagner des voix

 France. Sarkozy s’attaque aux syndicats pour gagner des voix

Le 29 mars dernier


Depuis le début de la campagne présidentielle, le chef de l’État n’a cessé de mettre en scène son divorce avec les syndicats. Une stratégie bien rodée censée lui permettre de récupérer quelques voix de droite. Agacés, les syndicats répliquent. (Photo AFP)




 


Durant cinq années, Nicolas Sarkozy avait toujours demandé l’avis des syndicats. Même lors de sa très contestée réforme des retraites en 2010, le président avait organisé une table ronde avec les partenaires sociaux. Il n’écoutait presque jamais leurs revendications, mais le dialogue persistait. Depuis le début de sa campagne, Nicolas Sarkozy a changé de stratégie.


Dès le début, il a attaqué ces « corps intermédiaires » taxés « d’immobilisme », et il l’a claironné à tue-tête, en cas de blocage, des référendums seront organisés pour faire passer ses réformes.


À chaque meeting, il critique les « mauvais » syndicats et cajole les « bons », comme la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles). Il a effectué un déplacement à Montpellier pour participer à un colloque organisé par ce syndicat. Dans le même temps, et contrairement à François Hollande, il refusait de répondre à des invitations de la CGT ou de la CFDT.


« C’est la première fois qu’un président de la République sortant refuse d’échanger avec la CFDT », déplore cette dernière.


Les tensions se sont accrues depuis la tentative de manifestation de 150 salariés d’ArcelorMittal devant son siège de campagne. Nicolas Sarkozy a accusé la CGT et la CFDT d’avoir souhaité « casser » son QG.


 


La CGT prend position


« Je n’ai fait aucune charge contre les syndicats, du tout », assurait le président lors d’un déplacement en Meurthe-et-Moselle lundi soir. Pour Éric Ciotti, député UMP et membre de son équipe de campagne, c’est tout le contraire. Il y a « un raidissement de certains syndicats très politisés qui veulent faire battre Nicolas Sarkozy ».


La CGT n’a pas attendu cette déclaration pour faire la sienne. Le 13 mars dernier, le syndicat appelait à voter contre le candidat UMP. « Sa réélection ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux », a déclaré sa direction.


Une décision qui n’a pas été suivie. La CFDT n’a pas voulu tomber dans un « piège » tendu, selon eux, par Nicolas Sarkozy. Même si elle refuse de prendre position, la CFDT continue de critiquer le président en place. Lundi, elle jugeait « nocif » de faire des syndicats « des boucs émissaires à des fins électoralistes ».


« C’est potentiellement inquiétant pour l’organisation de notre démocratie ces prochaines années », expliquait François Chérèque, son secrétaire général, lors d’une interview aux Échos.


 


Des attaques de campagne


« Nicolas Sarkozy fait exactement comme en 2007 quand il faisait siffler la CGT pour rassembler la droite derrière lui », a déclaré un proche de Bernard Thibault. Même le président de la CFTC, Philippe Louis jugeait cette attitude du président « purement électorale ».


À trois semaines des élections, toutes les voix comptent. Le chef de l’État sait qu’il doit ratisser large à droite. Taper sur les syndicats et promettre des référendums en cas de blocages permet de satisfaire une partie de la population.


Pour les analystes, spécialistes de la question, cette mise en scène ne durera que le temps de la campagne. De droite ou de gauche, tout gouvernement a besoin du dialogue social pour donner du crédit à sa politique. Mais cette campagne laissera des traces, au moins au début. « Il est clair que s’il est réélu, on risque de connaître une sorte de guerre froide pendant un petit moment », explique Bernard Van Craeynest, analyste politique.


En attendant, Nicolas Sarkozy multiplie ses attaques et promet à tour de bras au peuple français. Un peu comme en 2007.


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines