Saladin, un sultan de légende

 Saladin, un sultan de légende

crédit photo :Prisma Archivo/Leemage/AFP


En Occident, son nom évoque les croisades, l’esprit chevaleresque et la magnanimité dans le combat mené contre les chrétiens. En Orient, il est le héros réunificateur des musulmans, le conquérant de Jérusalem et le grand souverain sage et pieux.


Salah Al-Din Yusuf Al-Ayyubi, qui deviendra une icône pour les Arabes, est d’origine kurde. Il est né en 1138 à Tikrit, en Irak, au sein d’une famille de notables. Sa grand-mère, “la belle captive”, est la petite-fille du prince franc De Ponthieu. Le pays est alors gouverné par le prince turc Nur Al-Din Ibn Zengi. Saladin se forme au métier des armes avec son père Ayyub, gouverneur de Tikrit, et à la politique avec son oncle, Shîrkûh, vizir à la cour des Fatimides d’Egypte. Quand ce dernier meurt, Saladin lui succède et assoit vite son pouvoir en s’entourant des membres de sa famille. Il élimine politiquement le calife fatimide, conquiert des territoires et règne en seul maître sur un vaste empire. Il est nommé sultan fondateur de la dynastie des Ayyubides.


Fort de ses succès militaires et religieux, notamment le renversement des Fatimides et le rétablissement de l’orthodoxie sunnite en Egypte, Saladin se pose désormais comme un chef investi de deux missions : unifier les musulmans de Syrie et d’Egypte sous une seule ­autorité pour faire bloc contre les Francs, et lutter contre les croisés, leur reprendre les territoires qu’ils occupent en Palestine et les chasser du Levant.


Ses principaux adversaires de croisades sont le roi des Francs Amaury Ier, son fils Baudouin IV Le Lépreux, son beau-frère Guy de Lusignan, Renaud de Châtillon, prince d’Antioche, et le célèbre Richard Cœur de Lion, dont la sœur, Jeanne, aurait épousé Al-Adil… le propre frère de Saladin.


 


Restaurer la grandeur de l’Islam


Durant ses vingt années de règne, de guerres et de conquêtes, il ressuscite la mystique du jihad dans son désir de restaurer la grandeur de l’Islam. Sa victoire écrasante sur les croisés à Hattin, en juillet 1187, le consacre en chef incontesté. La reconquête de Jérusalem, peu après, le couronne héros mythique de l’Islam.


Adversaire respecté et admiré, Saladin gagne en ­Europe médiévale une immense réputation de souverain chevaleresque et devient le héros de romans de chevalerie et de chansons de geste. Dante l’inclut parmi les âmes des limbes dans la Divine Comédie.


Saladin n’a eu qu’une seule épouse, Ismat Al-Din. Ils n’ont pas d’enfants ensemble, mais ses nombreuses concubines lui ont donné 17 fils et une fille. Il meurt à 55 ans, le 4 mars 1193, à Damas. Il y est enterré dans son mausolée, qui se trouve près de la mosquée des Omeyyades. Lui qui vécut en ascète, dans une simplicité extrême, ne laisse à sa mort ni biens, ni terres, ni richesses. On ne retrouve dans son coffre que 1 dinar en or et 47 dirhams en argent. 

Fatema Chahid