“Pendant quelques mois, il n’y aura plus de rodéos urbains puis ça reprendra”, Abdel, habitant de Marcouville à Pontoise

 “Pendant quelques mois, il n’y aura plus de rodéos urbains puis ça reprendra”, Abdel, habitant de Marcouville à Pontoise

Quartier des Hauts de Marcouville à Pontoise, le 09-08-2022. Crédit photo : Nadir Dendoune

On ne sait pas si c’est le fait d’être en plein mois d’août ou si c’est à cause des récents événements, deux enfants ont été percutés, vendredi 5 août vers 21h15 alors qu’ils « jouaient à chat » sur l’esplanade, par un adolescent de 18 ans en moto, mais l’immense quartier des Hauts de Marcouville à Pontoise, où vivent 3 500 personnes est dramatiquement très calme ce mardi après-midi. Seuls quelques « guetteurs », en attente de clients, assis sur leur chaise en plastique veillent à l’entrée de certains halls d’immeubles. Il faut faire plusieurs fois le tour du quartier pour enfin pouvoir rencontrer quelqu’un. 

 

« Y a eu des tas de journalistes qui sont venus ce week-end. Il faut un drame pour que médias et politiques se rappellent qu’on existe. Sinon, tout le monde s’en fout de nous », résume Abdel,  « un ancien de la cité », la cinquantaine bien entamée. Abdel a raison. Et on a envie de faire demi-tour pour ne pas participer au zoo médiatique et laisser ces habitants en paix, mais au moment de partir, Abdel revient à la charge :

« Bien sûr que ça allait arriver. Y a pas un quartier en France où il n’y a pas de rodéo urbain. Et y aura d’autres dans d’autres quartiers. J’ai lu quelques articles où ça parlait de l’accident. On a l’impression que le motard est un être humain sans scrupules. Sans le dédouaner pour ce qu’il a fait, lui, comme beaucoup, sont des gamins qui s’emmerdent l’été, qui ne partent pas en vacances et qui font comme les plus grands ont fait avant eux », explique celui qui avoue avoir lui aussi aimé plus jeune « rouler à toute vitesse en bécane de cross sans casque ». 

 « C’est culturel, le rodéo urbain, dans nos cités », détaille encore Abdel. « J’ai pas de solutions pour mettre fin à ce fléau », concède-t-il. « Pendant quelques mois, il n’y aura plus de rodéos urbains puis ça reprendra malheureusement l’année prochaine », prédit Abdel. « Vous savez à 16 ans, à 18 ans, se rend-on vraiment compte du mal qu’on fait ? », interroge-t-il.  

Le motard, mis en examen, a été écroué lundi soir. Après avoir pris la fuite vendredi juste après le drame, il s’est présenté lui-même au commissariat. Ce jeune homme de 18 ans est mis en cause pour avoir blessé avec sa moto deux enfants : un garçon de 11 ans et une fillette de 10 ans, dont le pronostic vital est toujours engagé. « Il paraît que même si elle s’en sort, elle aura des séquelles », souffle désabusé Abdel.

Crédit photo : Nadir Dendoune
Crédit photo : Nadir Dendoune
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Nadir Dendoune