Occident/Monde arabe – Pour qui sonne le glas ?

 Occident/Monde arabe – Pour qui sonne le glas ?

MOHAMED EL-SHAHED / AFP


Le monde arabe est-il sorti de l’histoire ? Au vu de la bérézina que connaissent pratiquement toutes les nations qui se réclament de l’arabité, on serait tenté de le croire et finalement on pourrait bien se poser la question de savoir à quoi servirait bien un énième sommet de la Ligue arabe, fut-il décliné en rencontre UE/Ligue arabe. 


Pourtant le message du roi Mohammed VI au Sommet UE-Ligue arabe, transmis par le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, laisse entrevoir des possibilités d’avenir qui nécessitent de prendre le taureau par les cornes, à savoir que les arabes doivent tout d’abord secouer la tutelle occidentale sur leur sécurité, une priorité pour le souverain qui pense que « la sécurité de la Nation arabedoit rester une affaire strictement arabe, tenue à l’abri de toute ingérence et de toute interférence extérieure ».


On pense tout de suite à Sarkozy mettant à feu et à sang la Libye, sous prétexte de donner un coup de pouce au printemps arabe ou encore Hollande bombardant la Syrie.


Bien que dans la réalité, les pays arabes n’ont besoin de personne pour insulter leur avenir commun  puisque si la sécurité et la stabilité du monde arabe requièrent la plus grande importance, aux yeux du souverain, c’est parce qu’elles « sont menacées par des défis périlleux que génèrent parfois les politiques et les comportements de certains  pays à l’égard d’autres ». «L’adhésion aux principes de bon voisinage » évoqué dans le message royal  et l’absence de toute ingérence dans les affaires internes des pays voisins sont loin d’être le credo de chefs d’Etat qui s’empressent plutôt de finir une guerre fratricide pour en lancer une autre.


Un Ben Salmane qui n’a pas fini de plonger le Yémen dans le chaos qu’il s’empresse de s’attaquer au voisin qatari. Le triste personnage vogue désormais main dans la main avec ce criminel de guerre qu’est Netanyahou vers un conflit autrement plus dévastateur avec le voisin iranien.


Quant aux liens avec l’Europe, le roi le voit dans une « aspiration à bâtir une relation saine entre le monde arabe et l’Europe qui soit affranchie de tout préjugé et non sujette aux contrecoups d’événements éphémères ». Si le Maroc a tissé « une expérience fructueuse singulière avec le partenaire européen, notamment dans le cadre du Statut avancé », l’état de la coopération euro-arabe, considéré à l’aune de son volume matériel et de son capital intellectuel, reste en deçà des ambitions du royaume.


Parmi les priorités du monde arabe, la Hollande ne doit plus se présenter comme la dernière roue du carrosse mais au contraire, un souci de tous les instants et le défi commun des politiques arabes.


Enfin, en sa qualité de président du Comité Al-Qods, Mohammed VI accorde à la question palestinienne et à la ville sacrée d’Al-Qods Al-Charif « une attention particulière avec la priorité de permettre au peuple palestinien d’exercer son droit à créer son État indépendant, avec pour capitale Jérusalem-Est ».


Si l’appel du roi est résolument optimiste, le constat, lui est consternant dans un monde arabe, où l’irrationnel et l’injustice priment jusque dans les relations interétatiques, où les politiques de « bric et de broc » concoctées dans l’arrière cour des officines occidentales ne sont plus viables. Des dictatures médiévales se mettent en place de la Libye à l’Arabie saoudite en passant par la Syrie, et même les tentatives d’occidentalisation à outrance des sociétés arabes ne nous mettront pas à l’abri des tempêtes, des coups de grisou et de soulèvements à l’algérienne.

Abdelatif Elazizi