Printemps Berbère : il y a 41 ans, la Kabylie défiait le pouvoir algérien

 Printemps Berbère : il y a 41 ans, la Kabylie défiait le pouvoir algérien

Marche dans le village kabyle Agouni Arouss en hommage à Massinissa Guermah. HOCINE ZAOURAR / AFP / 18 avril 2002

Le 20 avril 1980, une grève générale spontanée contre le pouvoir central algérien est déclenchée par la population berbère de la ville de Tizi Ouzou, en Kabylie, pour lutter face à l’arabisation imposée par Alger et affirmer les droits culturels de la minorité berbère d’Algérie.

 

C’est en Kabylie que se trouve la plus importante concentration de berbérophones. Ali Sayad, du comité de défense des droits culturels en Algérie, déclare alors : « Etre berbère aujourd’hui c’est aussi être algérien. Nous réclamons l’identité algérienne dans toutes ses composantes. A l’heure actuelle on nous a toujours présenté une image extérieure qui est détenue par la bourgeoisie et le pouvoir en place, à savoir l’arabe classique étranger et le français. Ce pouvoir en place défend ses intérêts de classe. (…) Nous demandons que soient enseignés l’arabe algérien et le berbère, l’arrêt des arrestations, le droit de pratiquer ces langues avec l’administration et le droit de les écrire. C’est tout ce que nous demandons. C’est vrai qu’à côté de ça, le culturel est dépassé par le politique, parce qu’effectivement l’appareil étatique algérien a répondu par la force a des manifestations pacifiques. (…) Nous, en tant que comité appelons à des manifestations pacifiques et à ne pas répondre à la provocation ».

Ce mouvement, le premier à contester le régime à Alger depuis l’indépendance en 1962, sera à l’origine de la création de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme et du Mouvement culturel berbère.

Il faut attendre la réforme constitutionnelle de 2016 pour faire du tamazight une langue officielle et nationale, au même titre que l’arabe.

En 2018, l’Algérie reconnait Yennayer comme fête nationale. Le 12 janvier est désormais un jour chômé et payé en Algérie ! 

Des victoires que tiennent à minimiser certains défenseurs de la culture berbère, qui estiment que la lutte n’est pas finie et que la Kabylie n’a pas bénéficié du même traitement que les autres régions en matière de projets de développement et d’investissements publics.

 

Nadir Dendoune