Les Palestiniens annoncent qu’ils ne respecteront plus les accords

 Les Palestiniens annoncent qu’ils ne respecteront plus les accords

Le président palestinien a mis en place un comité chargé d’étudier les moyens pour mettre en œuvre cette décision. Stan Honda/AFP


La démolition d’habitations appartenant à des Palestiniens dans la banlieue de Jérusalem semble avoir été l’exaction de trop pour l’Autorité palestinienne. Jeudi, le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé qu’il cesserait de respecter les accords avec Israël. Cette menace n’est pas inédite, mais le niveau de tensions qui a rarement été aussi élevé dans la région pourrait faire peser une réelle menace sur la sécurité.


Les Palestiniens ont également annoncé la mise en place d’un comité chargé d’étudier les moyens pour mettre en œuvre cette décision. Israéliens et Palestiniens sont liés par des accords bilatéraux dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la sécurité.


Si les Palestiniens cessent d’appliquer ces accords, cela pourrait avoir des conséquences notamment sur la sécurité en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. La coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assurent que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.


Le journal israélien Haaretz rappelle que Mahmoud Abbas « a fait des déclarations similaires dans le passé sans les appliquer ». Il est « difficile de dire si ces déclarations indiquent un changement significatif de politique », complète le Times of Israël.


En 2015, lors d’un discours à l’Assemblée générale des Nations unies, il avait notamment déclaré que l’Autorité palestinienne ne serait plus liée par des accords avec l’État hébreu. D’autres responsables palestiniens ont également, par le passé, formulé la même menace, mais une annulation pure et simple des accords avec Israël ne s’est jusqu’à présent jamais concrétisée.


Toutefois, les relations entre le gouvernement d’Abbas et les autorités israéliennes se sont gravement dégradées au cours des derniers mois. Cette semaine, Mahmoud Abbas a condamné les démolitions de logements de Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, estimant qu’elles constituaient une « dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense ». Ces destructions « peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a-t-il dénoncé. Les États-Unis ont bloqué mercredi une tentative du Koweït, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud de faire condamner ces démolitions par l’ONU.


Le bras de fer est aussi financier. En février, Israël avait annoncé le blocage de 500 millions de shekels (122 millions d’euros) sur le montant total reversé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’État hébreu sur les produits importés par les Palestiniens. Cette sanction avait été imposée en réponse au versement par l’Autorité palestinienne d’allocations aux familles de Palestiniens emprisonnés ou tués pour avoir commis des attaques anti-israéliennes.

Rached Cherif