Ryan Benjelloun : Keaton nous fait découvrir la Silicon Valley

crédit photo : archives personnelles de Ryan Benjelloun
Les vidéos sur Tiktok ou Instagram de Ryan Benjelloun (TheBenjiShow) font fureur dans le monde entier. Ses abonnés se comptent en millions avec un humour naïf, décalé et intelligent sur les nouvelles technologies, les relations hommes-femmes. Installé aux Etats-Unis, ce fils d’un franco-marocain et d’une marocco-allemande, né à Londres a su faire des réseaux sociaux une voie pour un discours intelligible.
Le Courrier de l’Atlas : Quand avez-vous commencé à vous passionner pour les réseaux sociaux ?
Ryan Benjelloun : J’ai commencé à poster sur Tiktok en 2019. A l’époque, ce réseau n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui. C’était surtout des jeunes filles qui mettaient des mini-vidéos. Il n’y avait pas beaucoup de place pour la comédie ou les vidéos avec du texte. Au bout de quelques mois, l’une de mes vidéos a fait 40 millions de vues et mon nombre d’abonnés est passé de 300 000 à 800 000 en à peine 4 heures.
Le Courrier de l’Atlas : Comment votre vidéo a fait ce résultat ?
Ryan Benjelloun : Les créateurs de contenus ne savaient pas encore comment marchait l’algorithme. Ils avaient du mal à faire en sorte que leurs vidéos « trendent ». Pour ma part, j’ai choisi le terrain sociétal. La vidéo s’adressait aux Américains durant Thanksgiving. L’un des membres boit trop et parle de Trump et d’autres des démocrates. Cela a parlé aux spectateurs qui y ont vu un petit bout de leur histoire.
Le Courrier de l’Atlas : Vous avez un humour décalé, s’approchant des films muets de Buster Keaton avec peu de texte et des chutes souvent fantasques ou absurdes. Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Ryan Benjelloun : J’aime bien tourner les sujets en dérision. Je ne suis pas forcément dans le clivant. Je ne veux pas faire des vidéos où les gens passent leur temps à vous maudire en ligne. J’essaie de décaler le curseur. Certaines blagues demandent même à être revues plusieurs fois pour être comprises. Je ne me limite pas au niveau des sujets mais j’aime donner du sens à mes vidéos.

Le Courrier de l’Atlas : Dans une tribune « Cracking the Code », vous parlez aussi d’algorithmes et d’intelligence artificielle. Peut-on démocratiser ce genre de sujets au grand public ?
Ryan Benjelloun : Oui car si l’on ne comprend pas ce qu’il se passe derrière les réseaux sociaux, c’est compliqué. Par exemple, si vous postez une vidéo sur Tiktok, Instagram et d’autres réseaux, il y a de fortes chances pour qu’elle ne réussisse que sur un seul réseau car les autres estimeront que ce contenu n’est pas original. Aujourd’hui, grâce à l’IA et à des technologies visant à changer légèrement le son ou une vibration, vous pouvez déjouer ce que font les bots des grands réseaux. Il faut savoir y naviguer pour que votre contenu soit toujours neuf et original. En ce moment, je suis à Berkley et fait un stage chez WMG, l’un des plus grands labels de musique (Madonna, Led Zeppelin, Eagles,…). Avec ce que j’ai appris, je tente de mettre en valeur ce catalogue sur les réseaux. Par ailleurs, je continue mes vidéos, notamment pour Youtube dorénavant car là aussi, l’impact financier est différent surtout si vous faites des vidéos un peu plus longues.
