Ces « élites » qui se sont réjouies du coup d’Etat en Turquie

 Ces « élites » qui se sont réjouies du coup d’Etat en Turquie

En Tunisie


L’éphémère coup d’Etat militaire est totalement avorté, a annoncé le gouvernement turc à la mi-journée samedi 16 juillet. Le bilan humain et institutionnel est assez lourd : plus de 265 morts, 2839 militaires arrêtés, et 2700 juges révoqués. Durant les six heures qu’a duré l’affrontement entre les tanks et les foules descendues dans la rue défendre leur démocratie, certaines figures publiques tunisiennes suivaient de très près le putsch, et n’ont pas manqué de le soutenir sur les réseaux sociaux. Petit florilège.




 


Ainsi la députée Ons Hatab, égérie du bloc Nidaa Tounes à l’Assemblée, a posté un peu précipitamment un statut public faisant une comparaison avec la Syrie : « Erdogan s’en est allé… Bachar est resté », peut-on lire sur son compte officiel.


Dans le même registre, l’intellectuelle nationaliste Olfa Youssef, ancienne directrice de la Bibliothèque nationale sous Ben Ali, a été plus loquace, dans un statut liké plus de deux mille fois. Elle s’est en effet félicitée du coup d’Etat en ces termes : « Tous ceux qui ont ouvert leurs gueules pour parler de la nécessité du départ de Bachar al-Assad, ont vu leur cœur périr. Si Dieu est avec vous, nul ne peut vous vaincre ».   


L'ancien cadre des jeunesses du RCD et actuel conseiller du président de la République, Firas Guefrech, s'est exclamé sur Twitter à propos d'Erdogan : "Il est enfin foutu…".


Allant lui aussi un peu vite en besogne, le syndicaliste des forces de l’ordre Habib Rachdi, habitué des plateaux TV, a quant à lui posté : « Urgent, le traître Erdogan s’est enfui en Arabie Saoudite ».


L’économiste non moins médiatisé Moez Joudi, a pour sa part versé dans la pédagogie en avançant en des termes fleuris que : « Le peuple turc qui est descendu hier pour parer aux militaires suite à l'appel de MERDogan, ce n'est pas d'abord TOUT le peuple turque ni l'élite du pays! Ce sont surtout les partisans et les votants AKP composés principalement de la populace turque et des classes défavorisées, éternelles cibles électorales des islamistes. Il faut nuancer donc et arrêter de diffuser des contrevérités » ou encore que « Le coup d'État en Turquie ne remet pas en cause la démocratie dans ce pays, il faut saisir ca! Un coup d'État ne signifie pas forcément la fin de la démocratie, ça dépend du déroulé, des acteurs et des motivations à la base! C'est important de porter ce message! »


Mais la palme de l'imagination fertile revient au journaliste chroniqueur TV Lotfi Laamari, qui a inventé un scénario digne des films hollywoodiens, en expliquant aux abonnés de sa page qu'Erdogan n'a dû son salut qu'à l'intervention de la CIA et des F-16 américains qui ont abattu plusieurs avions turcs faisant 850 victimes militaires… 


Enfin, l'universitaire Naila Silini a qualifié Erdogan de "rat périmé", tout en se félciitant de la "réussite du coup d'Etat" qui selon elle "a initié la fin de l'islam politique en Turquie".


Gageons que du Proche-Orient à l’Afrique du nord, le tiers-mondisme fascisant, aidé par les réflexes de certaines élites éradicatrices, a encore de beaux jours devant lui.  


S.S




 

Seif Soudani