Tunisie : émeutes nocturnes et scènes de pillages dans plusieurs régions

 Tunisie : émeutes nocturnes et scènes de pillages dans plusieurs régions

Au moins 12 gouvernorats ont connu un weekend de troubles à la tombée de la nuit. Avancé à 16h00, le couvre-feu n’a pas empêché les émeutiers de se livrer à des actes de pillage et de vandalisme ponctuant des affrontements avec les forces de l’ordre.

 

De nouveaux heurts ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi 18 janvier sur l’ensemble des régions du pays. Loin de dissuader les contrevenants au couvre-feu, le confinement général de 4 jours décrété depuis jeudi pour lutter contre le nouveau variant du coronavirus semble au contraire avoir servi de motivation supplémentaire attisant la grogne sociale et les émeutes sporadiques depuis le début de l’année.

Des tirs tendus de feux d’artifice ont été utilisés pour contrer les gaz lacrymogènes

Aucune région épargnée par les émeutes

Ainsi des actes de vandalisme et de violence ont été enregistrés dans les quartiers chauds de la capitale Tunis, notamment à Ettadhamen, mais aussi la Manouba, Bizerte, Nabeul, Béja, Siliana, Sousse, Monastir, Mahdia, Kairouan, Kébili et Kasserine, selon des sources sécuritaires recoupées avec les dizaines de vidéos publiées en direct sur les réseaux sociaux.

Qu’elles soient spontanées, concertées ou méthodiquement coordonnées, le nombre important de ces violentes protestations, qui ne sont pas sans rappeler l’hiver révolutionnaire de 2011, alimente des spéculations sur d’éventuels « commanditaires de l’ombre », l’âge moyen des émeutiers étant très jeune, « entre 14 et 20 ans », selon les premiers témoignages.

Pourtant ce ne sont pas les motivations qui manquent pour protester, s’agissant des classes populaires exsangues par bientôt une année de crise Covid. Autre étincelle qui a exacerbé la colère de la rue : le remaniement ministériel annoncé samedi soir par Hichem Mechichi.

Une manœuvre politicienne grâce à laquelle le chef du gouvernement a repris la main, évinçant les ministres réputés proches du président de la République. Mais une opération dont le timing donne à voir une classe politique absorbée par d’interminables luttes de pouvoir sans aucun lien avec les préoccupations les plus pressantes des Tunisiens.

Déploiement de l’armée

La majorité des actes de violence ont eu lieu dans des quartiers populaires et à forte densité démographique, notamment dans les faubourgs de Tunis.

Des rassemblements qui ont pour particularité de ne lever aucun slogan particulier, visant des enseignes de la grande distribution, des agences bancaires, des bureaux de poste, mais aussi de petits commerces de proximité et des biens privés.

Les autorités annoncent un dispositif de sécurité « renforcé », déployé autour des sites vitaux et des services publics ainsi qu’autour des établissements de souveraineté. Des unités de la Garde nationale et des blindés de l’armée ont renforcé leur présence à Kasserine, Bizerte et Siliana pour protéger ces sites sensibles, disperser la foule et dégager les routes fermées par les émeutiers.

 

Seif Soudani