Nourane Houas : des Tunisiens s’en prennent à l’otage sur internet

 Nourane Houas : des Tunisiens s’en prennent à l’otage sur internet

Dessin représentant Nourane Houas publié sur l’un des groupes de soutien à l’employée du CICR retenue en otage depuis huit mois.


Les autorités tunisiennes ont qualifié lundi de « priorité » la libération de Nourane Houas, une employée franco-tunisienne de la Croix-Rouge retenue en otage au Yémen depuis décembre 2015. La mobilisation sur les réseaux sociaux a aussi été relancée par la récente diffusion d’une vidéo de la jeune femme. Mais, des voix dissonantes se font entendre pour critiquer la présence de l’humanitaire dans ce pays et le mutisme des autorités françaises.


 


« Priorité » pour le gouvernement tunisien


Les ravisseurs de la jeune Franco-Tunisienne ont diffusé une courte vidéo dans laquelle ils exigent une rançon, menaçant d’exécuter leur otage dans les 72 heures. Le ministère des Affaires étrangères tunisien a rapidement réagi en expliquant avoir contacté ses représentations à « Genève et Paris, pour insister sur la nécessité de mobiliser les efforts pour libérer Nourane le plus vite possible » et que la libération de l’employée du Comité international de la Croix rouge (CICR) faisait « partie des priorités du travail et des missions de la diplomatie tunisienne ».


Les internautes tunisiens ont également été prompts à réagir. La vidéo, devenue virale, est largement commentée. Si la plupart des réactions expriment un soutien à l’otage et pressent les autorités d’agir, certains ont des commentaires bien moins attentionnés à l’égard de la jeune femme et de son employeur.


 


Espionne ou mécréante ?


« Avis à ceux qui souhaitent faire du renseignement sous couvert d’humanitaire », écrit Nora en commentaire d’un article mentionnant la captivité de la Franco-Tunisienne. La même récidive sur un autre site en s’adressant à la France : « il y a un de vos agents du renseignement fait prisonnier ». « Elle a été faire quoi là-bas ? Y a pas d’urgence en Tunisie ? » S’interroge un autre sous le pseudonyme Bourguibiste, oubliant que la Tunisie elle-même compte sur son sol un grand nombre d’employés étrangers d’ONG et qu’elle est l’une des premières bénéficiaires de l’aide au développement proportionnellement à sa population.


« Elle travaille pour le compte de la croix rouge, donc elle travaille pour les chrétiens mécréants », s’indigne « Borsalino », qui a oublié de vérifier que le Croissant rouge et la Croix rouge sont une seule et même entité. « La Croix Rouge, complice des terroristes », abonde un autre lecteur du même site.


 


Peu d’empressement à Paris


Ils sont aussi nombreux à critiquer le silence de la France sur la question. De fait, Paris a attendu plusieurs mois entre la capture de Nourane en décembre et la première réaction en mai dernier. Jusque-là seule sa nationalité tunisienne avait été révélée. Mais, alors que ses ravisseurs en appelaient à François Hollande, le Quai d’Orsay a été obligé de confirmer la nationalité française de l’employée du CICR en expliquant que « Les services de l’État sont pleinement mobilisés en appui des efforts du CICR pour obtenir sa libération ».


Un appui peu médiatique qui tranche avec le traitement généralement réservé aux otages français dans le monde, estiment nombre d’internautes tunisiens. Une impression renforcée par l’absence de communiqué du gouvernement français après l’annonce de l’ultimatum du 15 aout.


Rached Cherif

Rached Cherif