Tunisie. Le ministère de la Défense pointe la menace croissante des drones

Lors de la séance plénière du mardi 11 novembre 2025 consacrée au budget du ministère de la Défense nationale, le ministre Khaled Souihi a abordé le dossier sensible de la sécurité aérienne, en particulier les risques liés à la multiplication des drones en Tunisie, en marge d’une question sur les attaques de drone sur la flottille Soumoud restées partiellement non élucidées.
Interpellé par la députée Fatma Mseddi au sujet de l’incident ayant touché la flottille Al-Soumoud, le ministre a confirmé que l’enquête restait en cours, sans réellement livrer de nouveaux éléments. L’affaire Al-Soumoud continue de nourrir débats et spéculations. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, un navire de la flottille internationale pro-palestinienne, stationné au large de Sidi Bou Saïd, avait été frappé par un incident encore entouré de nombreuses zones d’ombre.
Les autorités tunisiennes avaient vite écarté l’hypothèse d’une attaque extérieure, allant jusqu’à évoquer l’éventualité d’un incendie déclenché par un simple mégot. Les organisateurs, eux, affirmaient que l’embarcation avait été ciblée par un drone, une version soutenue par plusieurs témoignages et vidéos circulant sur les réseaux sociaux.
Une enquête qui traîne et des récits qui s’opposent
Un second épisode impliquant sans aucun doute un drone avait été signalé la nuit suivante, renforçant les interrogations. Depuis, les versions divergent et aucune conclusion officielle n’a encore été rendue publique, au moment où des médias occidentaux citent des sources évoquant une attaque commanditée en haut lieu à Israël, et où des sources locales à Tunis font état d’arrestation d’un ressortissant d’Europe de l’Est.
Sans s’attarder sur les détails de l’affaire, Khaled Souihi a préféré replacer la question dans un cadre plus large : celui de l’usage incontrôlé des drones, interdits en Tunisie mais de plus en plus répandus. Selon lui, ces appareils représentent désormais « une menace réelle » pour la sécurité aérienne, les infrastructures sensibles, la population et le dispositif sécuritaire du pays.
Vers une régulation nationale des drones
Face au vide juridique entourant l’utilisation de ces engins, le ministère de la Défense a engagé des concertations interministérielles. Une commission réunissant plusieurs départements, dont le ministère du Transport chargé de piloter le dossier, a ainsi été mise en place pour élaborer un projet de loi destiné à encadrer l’usage des drones sur le territoire.
Le ministre de la Défense a toutefois rappelé que la Tunisie n’est pas isolée : de nombreux États doivent faire face à des intrusions, des survols illicites ou des usages malveillants de drones. Il a assuré que ses services maintiennent une vigilance constante et que le pays œuvre à se doter d’un cadre légal et opérationnel capable de prévenir les abus liés à ces technologies.
Le budget alloué à la mission spéciale du ministère de la Défense Nationale au titre du projet du Budget de l’Etat pour l’année 2026 est estimé à environ 6322,738 millions de dinars, soit une hausse de 13% par rapport au budget de l’année précédente.
