Tunisie. L’UGTT vers un bras de fer ouvert autour des droits syndicaux et du Budget 2026

Point presse UGTT
Le bras de fer entre l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le gouvernement s’apprête à franchir une nouvelle étape. L’organisation syndicale a annoncé la tenue, demain 5 décembre, d’une réunion de son instance administrative pour fixer la date d’une grève générale, a confirmé Sami Tahri, secrétaire général adjoint de la centrale.
Fait aussi rare que polémique, c’est un autre membre du Bureau exécutif de la centrale syndicale, Hfaïedh Hfaïedh, qui avait annoncé dès le 30 novembre, depuis une tribune syndicale au Maroc, cette grève générale, créant une vague d’indignation jusque dans les rangs des travailleurs tunisiens mécontents de ce modus operandi jugé maladroit, voire inapproprié.
Selon Tahri, cette décision découle de la montée des tensions avec les autorités tunisiennes, accusées d’ignorer les demandes répétées de l’UGTT. « Nous avons adressé plus de 17 correspondances aux gouvernements successifs depuis celui de Najla Bouden, sans aucune réponse », a-t-il affirmé, y voyant la preuve d’une volonté de « refus absolu du dialogue ». Le dirigeant syndical déplore une fermeture totale des canaux de concertation et « l’annulation de tous les corps civils, sociaux et syndicaux », signe selon lui d’une crise profonde entre les acteurs du champ social et un exécutif qui ne croit plus en les corps intermédiaires d’une façon générale.
Intraitables sur trois exigences
La grève générale envisagée repose sur trois revendications : la mise en place d’un véritable dialogue social, la défense du droit de négociation collective et du droit syndical, ainsi que le refus d’une augmentation salariale marginale inscrite dans le projet de loi de finances 2026 touchant les secteurs public et privé. Tahri qualifie cette hausse de « bid‘a » – une innovation inacceptable – estimant qu’elle contourne les mécanismes de négociation et affaiblit les acquis sociaux.
Sur le terrain, l’UGTT prépare également aujourd’hui une marche traditionnelle qui s’élancera de la place Mohamed Ali, siège historique du syndicat, avant de parcourir plusieurs artères de la capitale pour rejoindre le mausolée du martyr Farhat Hached. Le secrétaire général, Noureddine Taboubi, y prononcera un discours avant une cérémonie de recueillement où n’est pas attendu cette année le président Kais Saïed. Cette soixante-dixième commémoration, qui rappelle le transfert des dépouilles du martyr de Kerkennah vers Tunis, constitue chaque année un moment symbolique fort pour la centrale.
Cette montée en tension s’inscrit cependant dans un contexte de crispation politique plus large, après l’incarcération de figures majeures de l’opposition dont celle, dernière en date, de Ayachi Hammami, connu pour sa proximité avec la gauche tunisienne.
>> Lire aussi : Tunisie. Marche de l’UGTT : la centrale entend conserver son poids socio-politique
