Visite historique d’un président français en Algérie : Quel bilan ?

 Visite historique d’un président français en Algérie : Quel bilan ?

La France et l’Algérie tentent de refermer la page d’une énième crise diplomatique entre les deux pays. Valerie Hache/AFP

Emmanuel Macron a terminé samedi un déplacement en Algérie. Entre dialogue à haut niveau et bains de foule, les tensions diplomatiques des derniers mois semblent désormais oubliées. Au terme de trois jours d’entretiens et de déplacements, c’est surtout le réchauffement de relations bilatérales qu’il faut retenir. Mais pas uniquement.

 

La visite du président français a rapproché les deux pays aux relations historiquement cycliques, faites de rapprochements et de crises, le plus souvent sur fond de désaccords mémoriels. Mais, la brouille diplomatique entre les deux pays semble bel et bien oubliée tant les présidents français et algériens ont durant ces trois jours multiplié les marques d’amabilités.

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Mais outre la question du passé colonial, Alger et Paris ont tenté de se mettre d’accord sur des dossiers d’actualité. Au dernier jour de la visite, Emmanuel Macron et son homologue Abdelmajid Tebboune ont signé une déclaration « pour un partenariat renouvelé ».

« Nous avons le même entêtement à réussir ensemble parce que nous avons la même conviction qu’au fond, la relation n’est pas qu’une simple relation bilatérale comme les autres, c’est une relation d’intimité profonde pour l’Algérie, pour la France et pour nos deux pays », a déclaré M. Macron, s’adressant au président algérien.

 

Rendez-vous au « Haut conseil de coopération »

Les deux présidents s’engagent à se retrouver tous les deux ans dans le cadre d’un « haut conseil de coopération ». Ce document inscrit également noir sur blanc la création d’une commission conjointe d’historiens pour travailler sur la période coloniale et la guerre d’Algérie.

Si les questions mémorielles, énergétiques et économiques ont été au cœur de cette visite, sur fond de crise des hydrocarbures, Paris assure avoir également abordé la question des droits de l’Homme. Dans une lettre, 13 organisations de la diaspora algérienne en France avaient demandé au président français de « ne pas occulter la dégradation des droits humains ».

Les signataires réclament la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les opposants politiques et les militants du Hirak, ainsi que le rétablissement des « libertés constitutionnelles ».

 

Droits de l’Homme, visas et expulsions

« Monsieur le Président, il est un sujet grave qui ne doit pas être occulté lors de cette visite : celui de l’état actuel des droits humains en Algérie », pouvait-on lire dans cette lettre. Emmanuel Macron affirme avoir abordé le sujet avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune « avec beaucoup de liberté ».

Il explique avoir évoqué les « cas [d’atteintes aux droits humains] que nous connaissons ». Selon Emmanuel Macron, il aurait préconisé « la transparence, les libertés politiques et leur respect » lors de ses échanges avec le président algérien.

Mais concrètement, sur les dossiers les plus sensibles, comme celui des visas accordés par la France ou encore la question de la réadmission dans leur pays des ressortissants algériens en situation irrégulière en France, aucun engagement clair et chiffré n’a été pris. Seule une promesse formulée en langage diplomatique : « Les deux parties conviennent d’engager une réflexion pour bâtir des solutions ».

Rached Cherif