Des passeurs jugés pour un naufrage dans la Manche en 2023

Migrants secourus après un naufrage dans la Manche, débarqués d’un bateau de la RNLI à Douvres, le 12 août 2023. Six Afghans ont péri, un autre corps sera retrouvé aux Pays-Bas. (Photo : Stuart Brock / AFP)
Neuf hommes sont jugés à partir d’aujourd’hui pour avoir formé un réseau de passeurs à l’origine d’un naufrage qui avait causé la mort de sept migrants en 2023.
Deux Irakiens, six Afghans et un Soudanais sont renvoyés devant le tribunal correctionnel notamment pour homicide involontaire.
Plusieurs prévenus sont également poursuivis pour mise en danger d’autrui, aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers ainsi qu’association de malfaiteurs.
Un dixième homme, soudanais, mineur au moment du drame, est renvoyé devant un tribunal pour enfants. Le procès s’ouvre aujourd’hui et doit durer jusqu’au 18 novembre.
65 passagers afghans
Ce naufrage est l’un des plus meurtriers survenus depuis l’explosion en 2018 des traversées clandestines de la Manche.
L’enquête a mis au jour « un système organisé et structuré sur les territoires français et allemand proposant à des migrants en situation irrégulière de tenter de se rendre en Angleterre ».
Les faits remontent à la nuit du 11 au 12 août 2023, lorsqu’un « small boat » surchargé, un bateau non rigide de sept mètres renforcé par une planche de bois, est mis à l’eau sur une plage du Nord, près de Calais. Il embarque 65 passagers afghans.
En haute mer, une avarie de moteur survient. Six corps sont repêchés, un autre sera retrouvé plus tard sur une plage des Pays-Bas. Les autres naufragés survivants sont pris en charge par les secours maritimes français et britanniques.
1 500 euros la traversée
Le procès devra déterminer les degrés de responsabilité individuelle des prévenus. Il interrogera également les mécanismes des réseaux de passeurs.
Les enquêteurs ont découvert un réseau « dirigé par la communauté irako-kurde » avec deux branches: la première, avec l’Allemagne pour base arrière, s’occupait de l’aspect logistique, tandis qu’une « filière afghane » était chargée du recrutement des « candidats au passage ».
D’après les auditions des rescapés, le passage vers l’Angleterre leur était facturé entre 1 300 et 1 500 euros par personne.
Fin juin, neuf passeurs afghans ont été condamnés à Lille à sept et huit ans d’emprisonnement pour un naufrage dans la Manche. Naufrage qui avait coûté la vie à huit candidats à l’exil en décembre 2022.
