Tunisie. L’inflation repasse sous les 5% pour la première fois depuis 4 ans
L’économie tunisienne enregistre une évolution significative : selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS), le taux d’inflation est tombé à moins de 5 %, une première depuis mars 2021. Ce repli, attendu par les marchés et scruté par les ménages, marque un tournant après plus de trois années de tensions sur les prix.
Après avoir culminé à plus de 10 % début 2023, voire le double pour le panier alimentaire moyen, l’inflation n’a cessé de ralentir au fil des mois, portée par une combinaison de facteurs : resserrement monétaire, reprise plus souple des chaînes d’approvisionnement internationales, stabilisation relative des prix des matières premières, mais aussi effets de base liés à la forte hausse enregistrée les années précédentes.
Des secteurs de l’agroalimentaires toujours sous pression
Selon l’INS, la décélération observée en octobre concerne principalement les produits alimentaires, dont la hausse annuelle s’est nettement réduite, même si certains segments dont les céréales, les huiles végétales ou encore les produits laitiers demeurent sous pression en raison de tensions d’offre locales. Les prix des biens manufacturés, eux aussi, montrent des signes d’apaisement, tandis que l’inflation des services reste plus rigide, notamment dans l’éducation, la santé et les services administratifs.
Pour les ménages, cette évolution constitue quoi qu’il en soit une bouffée d’oxygène après une longue période de renchérissement du coût de la vie. Toutefois, les économistes appellent à la prudence : un infléchissement de l’inflation ne signifie pas baisse des prix, mais simplement ralentissement de leur progression. Le pouvoir d’achat reste donc fragilisé par l’érosion cumulée des dernières années.
Du côté des autorités, ce passage symbolique sous les 5 % est perçu comme le résultat de la politique de maîtrise monétaire conduite par la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui avait relevé ses taux directeurs à plusieurs reprises depuis 2022. Cette tendance pourrait offrir une marge de manœuvre future, sans pour autant ouvrir la voie à un assouplissement rapide, la BCT estimant que les risques inflationnistes demeurent présents, notamment en lien avec les finances publiques du pays et la persistance d’importants déséquilibres externes.
Ce repli de l’inflation intervient également dans un contexte économique encore fragile, caractérisé par une croissance molle, un investissement en berne et des négociations toujours difficiles entre la Tunisie et ses partenaires internationaux. Pour de nombreux analystes, cette amélioration doit donc s’inscrire dans une stratégie plus large de réformes structurelles visant à restaurer la confiance, relancer l’investissement et soutenir la production locale.
Alors que la Tunisie tente de stabiliser son économie, le passage de l’inflation à 4,9% constitue un signal positif, mais encore insuffisant pour inverser la tendance globale du pouvoir d’achat des Tunisiens. Reste à transformer cet apaisement conjoncturel en dynamique durable.
