Bouteflika ou les images qui relancent la polémique

 Bouteflika ou les images qui relancent la polémique

ERIC FEFERBERG / AFP


 


Les images de l’audience accordée par le président Bouteflika au Premier ministre français, Manuel Valls, suscite l’indignation de l’opinion publique algérienne et relance de plus belle la polémique sur la vacance du pouvoir. 


 


Au lieu de renforcer la position du président Bouteflika sur l’échiquier politique algérien, la dernière visite de manuel Valls en Algérie l’a plutôt desservi. L’image de l’audience accordée par le chef de l’Etat algérien, se montrant très démuni et hagard, au Premier ministre français, a, à nouveau, scandalisé l’opinion publique algérienne. Sur les réseaux sociaux, l’indignation des internautes algériens est à son comble.


Il y a même une pétition qui circule sur le net demandant au président du conseil constitutionnel, Mourad Medelci, d’appliquer l’article 88 de la constitution, relatif à l’incapacité physique du président à assumer les charges qui incombent à son poste. « Bien qu’elle n’ait duré que 40 secondes, la séquence télévisée montrant le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, dans un état de santé intenable, a provoqué une « gueule de bois » nationale (…) L’indignation le dispute à la colère », a écrit El Watan. Dans un éditorial ayant pour titre « Les image de trop », le quotidien Liberté a  accusé à demi-mot la partie française qui a rendu publiques, à dessein, les images de Bouteflika pour « marquer des points vis-à-vis de son opinion publique ». « L’estocade finale a été portée par la partie française, par la personne du Premier ministre qui a twitté une photo du Président qui le montre dans un état déplorable. Ce qui a fait, bien sûr, les choux gras de la presse de l’Hexagone qui n’attendait que cela », a souligné le journal d’Issad Rebrab.


 


L’opposition revigorée


A coup sûr, ce nouvel épisode ne va pas manquer d’apporter de l’eau au moulin d’une opposition qui, ces derniers mois, a quelque peu marqué le pas. « L’état dans lequel est apparu Bouteflika affaiblit considérablement les capacités de représentation de son pays. Je pense que le Président manque de discernement et que son entourage manque de dignité et l’Algérie en prend un coup », a soutenu l’ancien ministre de la Communication Abdelaziz Rehabi, dans une déclaration à El Watan. Et d’enfoncer le clou : « l’opposition a eu raison d’appeler à la tenue d’une présidentielle anticipée ».


Aux yeux de Jil Jadid, le parti de Soufiane Djillali, l’application de l’article 88 est « aujourd’hui d’actualité » et la vacance du pouvoir est « vérifiée ». Un avis que partage le parti islamiste Ennahda. Un responsable de ce parti a déclaré au journal d’Omar Belhouchet : « Nous craignons que des parties nous cachent la vérité sur la santé du Président. C’est pourquoi le conseil constitutionnel doit charger une commission médicale pour faire la lumière sur cette question. Et s’il s’avère que le président est incapable d’assumer ses missions, il faut alors procéder à l’application de l’article 88 de la Constitution ». 


Yacine OUchikh

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