Bientôt un bloc d’extrême droite au Bundestag pour la première fois depuis 1945 ?

 Bientôt un bloc d’extrême droite au Bundestag pour la première fois depuis 1945 ?

Le parti xénophobe et islamophobe AfD est sur le point de former le premier groupe parlementaire d’extrême droite du parlement allemand depuis la chute du nazisme. Thomas Lohnes/AFP


L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) compte bien tourner une page de l’histoire allemande en devenant le 24 septembre la première formation à la fois nationaliste et anti-immigration à former un groupe parlementaire depuis la fin du joug nazi. Avec sa rhétorique anti-islam et anti-migrants, l’AfD a multiplié en fin de parcours les débordements verbaux.


 


D’où vient l’AfD ?


Fondé en avril 2013, l’AfD est d’abord un parti anti-euro qui considère la monnaie unique comme « une erreur historique », et fait florès sur son rejet des aides financières au sud de l’Europe. Après de premiers succès électoraux, la formation se déchire lors d’une lutte fratricide remportée par l’aile nationaliste.


Le jeune parti entame sa remontée à l’été 2015 quand la « crise » des réfugiés prend toute son ampleur et que la chancelière Angela Merkel ouvre les portes de l’Allemagne aux migrants. L’AfD critique cette immigration « complètement incontrôlée » et brandit la menace d’une « invasion islamique » dans un pays qui compte 5,4 % à 5,7 % de musulmans. Le parti séduit notamment une frange de la population déboussolée par l’arrivée d’un million de demandeurs d’asile. Il enchaîne les succès électoraux pour être représenté aujourd’hui dans 13 des 16 Parlements régionaux.


Les sondages ont noté une légère hausse de l’AfD en fin de campagne avec 10-12 % des intentions de vote. Il reste en recul par rapport aux plus de 15 % escomptés l’an dernier. Alice Weidel, co-tête de liste du parti, a elle fixé ses objectifs à moyen terme : « dès 2021 (être) en mesure de gouverner ».


 


Un programme anti-islam et pro-russe


« L’islam n’appartient pas à l’Allemagne », martèle l’AfD qui, pour la campagne des législatives, a tapissé l’espace public d’affiches racoleuses, exposant le corps de femmes dénudées : « La burka ? Nous prônons le bikini ». Le parti défend aussi le modèle de la famille « traditionnelle » et ne cache pas ses affinités avec la Russie. En matière économique, il est sur des positions libérales.


Selon le politologue Fabian Virchow, le discours controversé d’un cadre du parti sur l’Holocauste « a effrayé une partie de l’électorat de droite conservatrice ». L’un des leaders de la campagne législatives, Alexander Gauland, 76 ans, est un habitué des tirades polémiques. Il s’en est pris à une responsable gouvernementale d’origine turque dont il veut se « débarrasser » en Anatolie et jugé que les Allemands avaient « le droit d’être fiers des performances des soldats durant les deux guerres mondiales ».


Rached Cherif


(Avec AFP)

Mohamed C.