Blocage des transferts vers le Maghreb et l’Afrique : le faux pas d’Arnaud Montebourg

 Blocage des transferts vers le Maghreb et l’Afrique : le faux pas d’Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg a proposé de bloquer les transferts d’argent vers les pays ne reprenant pas leurs ressortissants expulsés

Le candidat à la présidentielle Arnaud Montebourg a regretté lundi soir de s’être « mal exprimé ». Ses propos sur le blocage des transferts d’argent privé vers les pays qui refusent d’accueillir leurs ressortissants expulsés avaient indigné la gauche et été applaudis à l’extrême droite.

 Arnaud Montebourg pointe une « incompréhension » après ses propos polémiques. Le candidat à l’élection présidentielle a proposé de bloquer les transferts d’argent privé vers les pays qui refusent d’accueillir leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion.

« J’ai voulu viser les États, je ne souhaite pas toucher ces familles qui travaillent dur, envoient de l’argent dans leurs familles de l’autre côté de la Méditerranée », a-t-il insisté sur LCP. Il affirme avoir « ressenti beaucoup d’émoi, beaucoup d’émotion, chez mes propres amis, dans ma famille. Certains pratiquent ce soutien, cette entraide par-delà les frontières ». « Je me suis fait engueuler par des gens que j’aime. J’ai compris que je m’étais mal exprimé », a ajouté l’ancien ministre socialiste de l’Économie.

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« J’ai voulu dire : maintenant il va falloir taper aux portefeuilles, mais de qui ? Des États d’abord, ce sont les États qui sont en cause. Dans la recherche d’un rapport diplomatique, il est nécessaire que les États bougent », estime Arnaud Montebourg.

« Je dirais que c’est une incompréhension (…) Une élection présidentielle, c’est fait pour rechercher des solutions et en débattre, pas pour mettre la poussière sous le tapis », selon lui. Le « président de la République a proposé la restriction des visas. J’ai l’impression que ça ne fonctionne pas. Il n’y a pas de propositions sur le sujet, il faut en trouver une », considère Arnaud Montebourg.

 

Indignation à gauche

Sa proposition de bloquer « tous les transferts » d’argent dans le grand jury LCI/RTL/Le Figaro avait suscité de nombreuses réactions. Dans son collimateur : « 11 milliards qui passent par Western Union ». Ces « transferts d’argent privé sont une manne pour ces pays et nous avons besoin aujourd’hui de dire : ça suffit », avait-il déclaré.

« Les bras m’en sont tombés », a déclaré Olivier Faure, le premier secrétaire du parti socialiste sur Europe 1. Arnaud Montebourg « a été socialiste et le retrouver à reprendre cette vieille proposition de l’extrême droite m’a à la fois heurté et rendu triste pour celles et ceux qui le soutiennent », a-t-il ajouté.

Jean-Luc Mélenchon a décrié « l’improductivité » d’une telle mesure « cruelle, injuste et stupide ». Elle poussera selon lui « d’autres gens à émigrer pour ne pas mourir ». Cette « aide est considérée comme la plus efficace, souligne-t-il, elle va directement aux familles, sans corruption. » Le candidat de « l’Union populaire » souligne qu’une telle mesure, aussi avancée par Eric Zemmour et Marine Le Pen, revient à « punir de manière générale des gens qui n’y sont pour rien dans tout ça ».

Malgré les tentatives d’explication du candidat, sa campagne semble fragilisée. Les Jeunes pour Montebourg ont ainsi annoncé sur Twitter se mettre « en retrait » de la campagne présidentielle. Dans un communiqué, ils disent ne pas avoir été convaincus par le candidat. Il ne s’agit « pas d’une incompréhension, mais bien d’une erreur », selon eux. La proposition est « injuste », « inhumaine » et « frappe les plus précaires », estiment-ils. Elle a de plus déjà été « soutenue » par Marine Le Pen et Éric Zemmour.

 

Applaudissement à l’extrême droite

Arnaud Montebourg a effectivement reçu les félicitations de l’extrême droite. « En panne d’idées, Arnaud Montebourg a regardé en replay les vidéos de ma chaîne YouTube. Bravo Arnaud », a applaudi Eric Zemmour sur Twitter.

Marine Le Pen a quant à elle rappelé avoir déjà fait cette proposition il y a « déjà un certain nombre de mois ». En juillet dernier, la candidate du Rassemblement national avait en effet envisagé de « bloquer les visas des pays qui refusent de reprendre leurs clandestins, ou même bloquer les transferts d’argent ».

Rached Cherif