« Citoyen d’honneur » de Mohamed Hamidi, une bouffée d’oxygène à voir au cinéma

 « Citoyen d’honneur » de Mohamed Hamidi, une bouffée d’oxygène à voir au cinéma

Le réalisateur Mohamed Hamidi, auteur du film « Citoyen d’honneur », dont la sortie en salles est programmée pour le 14 septembre 2022. Crédit photo : Anthony Prosper

C’est dans un petit village algérien que se déroule le récit du nouveau film du talentueux réalisateur Mohamed Hamidi (La Vache, Né quelque part, etc). « Citoyen d’honneur » raconte l’histoire de Samir Ami, écrivain célèbre, installé en France, qui, après avoir obtenu le Prix Nobel de littérature, revient à Sidi Mimoun afin d’y être fait citoyen d’honneur.

 

En panne d’écriture, Samir refuse systématiquement toutes les invitations qui lui sont faites, mais il finit par accepter d’aller dans cette petite bourgade de l’ouest algérien où il est né et qu’il a quittée à l’âge de 20 ans. Mais est-ce vraiment une bonne idée que de revoir les habitants de cette ville, qui sont devenus, d’année en année, les personnages de ses différents romans ?  Surtout que Samir Ami les a parfois dépeints dans des termes pas toujours élogieux. 

« Citoyen d’honneur » est une bouffée d’oxygène à savourer sans modération. Kad Merad et Fatsah Bouyahmed y forment un brillant duo  complémentaire. C’est un film où on se marre souvent, Fatsah Bouyahmed est hilarant. Mais comme toujours avec Mohamed Hamidi, « Citoyen d’honneur » est également un film émouvant…

Une avant-première aura lieu ce dimanche à 14h au cinéma Louis Daquin au Blanc-Mesnil (93). Le film sort dans les salles le 14 septembre. 

 

LCDL : On vous sent fier de ce film…

Mohamed Hamidi : Oui. Le processus d’un film est très long et quand le résultat est au rendez-vous, il y a de quoi être fier. Le tournage a été exceptionnel. Il y avait une super ambiance sur le plateau. Les acteurs ont trouvé leur place. Un pur bonheur. 

Justement, vous n’avez pas hésité à associer Kad Merad et Fatsah Bouyahmed…

Je savais, même avant de tourner, que ça allait matcher entre les deux. Je pensais à eux quand j’écrivais le scénario. Ce sont deux acteurs éblouissants. J’ai déjà fait un film avec chacun d’entre eux. Avec Fatsah, on est amis, on est de la même génération et on avait apprécié de tourner « La Vache » ensemble. Mon quatrième film, « La belle équipe », avec Kad, ça a également été une superbe expérience.

Dans « Citoyen d’honneur », Kad Merad a compris qu’il allait devoir être plus en retrait. C’est Fatsah qui a la grosse part de comédie. Certains acteurs auraient refusé, Kad a joué le jeu sans rechigner. Et ça se voit à l’écran : Kad et Fatsah forment un magnifique duo. 

Citoyen d’honneur résonne avec votre premier film, « Né quelque part »…

Effectivement. Quand j’ai fait « Né quelque part » il y a dix ans, j’étais jeune ! C’était mon premier film et j’étais resté un peu sur ma faim. Depuis, j’ai pris en maturité ! Avec « Citoyen d’honneur », j’ai voulu approfondir le retour aux sources. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’un jeune homme qui découvre un pays qu’il ne connaît pas comme ce fut le cas avec « Né quelque part » mais d’un homme de 60 ans qui revient en Algérie où il a vécu jusqu’à l’âge de 20 ans. Forcément, les questionnements ne sont pas les mêmes. 

« Né quelque part » en 2013, « La Vache » en 2016 et maintenant « Citoyen d’honneur », ces trois films dont l’histoire se passe en Algérie ont été tournés au Maroc. Pour quelles raisons ?  

J’ai essayé de tourner en Algérie mon premier film « Né quelque part », mais j’ai très vite compris que ça allait être difficile. Il y a très peu d’équipes de tournage sur place et il aurait fallu venir de France avec beaucoup de techniciens. Niveau budget, ce n’était pas donc possible. Je tourne au Maroc pour des raisons essentiellement pratiques. Et puis, sur place, les conditions de tournage sont excellentes. Régulièrement, de gros films, parfois des blockbusters américains, sont tournés au Maroc.

Quand on fait du cinéma, on reconstitue les choses. Et pour mes films, tourner au Maroc est parfait : les paysages ressemblent beaucoup à ceux de l’Algérie et ce sont deux pays très proches culturellement. Nous avons tourné « Citoyen d’Honneur » à  Nedroma, une ville marocaine frontalière, à 40 km de la ville algérienne de Tlemcen.

Après, pour être honnête, je ne sais pas s’ il aurait été possible de tourner « Citoyen d’Honneur » en Algérie. Avant le tournage, les autorités algériennes lisent le scénario et comme on a tourné plusieurs scènes sur le Hirak (NDLR : manifestations entre 2019 et 2021 en Algérie pour protester contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat), mon film n’aurait sans doute pas passé la censure. 

Ceci dit, j’espère qu’un jour, les conditions seront réunies pour pouvoir tourner un film en Algérie. J’en rêve !  Aujourd’hui, des structures de production commencent à s’y développer donc tout est possible. J’ai peut-être un projet de film historique, ça sera alors plus simple d’aller tourner en Algérie. 

Le film a été bien accueilli au festival Angoulême en août dernier…

C’était Incroyable ! En ce moment, le cinéma, c’est assez difficile comme vous le savez. On a dû mal à remplir les salles comme cela a pu se faire par le passé. Voir huit salles pleines en même temps, 1200 spectateurs venus spécialement découvrir votre film, c’était immense. D’autres projections ont également été organisées ailleurs en France et ça a été à chaque fois un immense bonheur. 

C’est votre cinquième film. Le casting est impressionnant. Et pourtant, il paraît que vous avez eu du mal à le financer…

Oui et cela m’a surpris. Je pensais que ça serait plus facile avec le fait que Kad Merad joue dans le film. Il a fallu qu’il passe certains coups de fil pour débloquer la situation…

Vous avez été prof, puis vous vous êtes occupé du Bondy Blog et vous voici désormais réalisateur connu et reconnu…

Je suis le petit dernier d’une famille de neuf enfants. J’ai grandi dans un quartier populaire de Bondy en Seine-Saint-Denis et aujourd’hui, je fais du cinéma ! Le cinéma concentre tout ce que j’aime : l’écriture, la narration, la musique, la communication, la gestion humaine, l’économie. La vie est magnifique. On ne sait jamais à quoi s’attendre. Je sais que c’est pas toujours simple mais il faut toujours continuer à rêver. 

 

« Citoyen d’honneur », de Mohamed Hamidi, avec Kad Merad, Fatsah Bouyahmed. Sortie en salles le 14 septembre 2022

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Nadir Dendoune