En visite à Tunis, Gérald Darmanin entame une délicate mission

 En visite à Tunis, Gérald Darmanin entame une délicate mission

Taoufik Charfeddine, ministre de I’Intérieur tunisien, en poste depuis septembre 2020, et son homologue français Gérald Darmanin

C’est Emmanuel Macron qui a demandé au ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, de se rendre à Tunis pour discuter de la lutte contre le terrorisme, après l’attaque de jeudi à Nice dont l’auteur présumé est un tunisien de 21 ans, a annoncé l’Elysée hier dimanche 1er novembre. Une visite planifiée en réalité de longue date.

 

« Le président a demandé au ministre de l’Intérieur de se rendre en Tunisie la semaine prochaine pour une rencontre avec son homologue », a communiqué la présidence. Pourtant la visite de Darmanin fait suite, à une semaine d’intervalle, à celle de Jean-Yves Le Drian, qui avait été reçu à Tunis par les deux chefs de l’exécutif tunisien dès le 19 octobre dernier. L’attentat de Nice n’a donc fait qu’ajouter de la pertinence, côté français, à la mission de l’émissaire de la Place Beauvau. La visite s’inscrit par ailleurs dans une tournée entamée par ce dernier au Maroc les 15 et 16 octobre.

S’agissant de la Tunisie, la décision avait été néanmoins officialisée après un entretien téléphonique, samedi, entre le président français et son homologue tunisien, Kaïs Saïed, qui « a exprimé sa solidarité avec la France après les actes terroristes », a précisé la présidence. Les deux dirigeants « sont convenus de renforcer la coopération » franco-tunisienne « en matière de lutte contre le terrorisme ». Ils ont notamment « abordé la question sensible du retour des Tunisiens avec obligation de quitter le territoire français (OQTF), en priorité ceux “fichés S” », a ajouté l’Elysée.

 

Une sémantique problématique autour du « séparatisme »

Samedi soir, la présidence tunisienne a précisé que Macron et Saïed avaient également discuté de « la question de la migration clandestine et des solutions à trouver ensemble pour faire face à ce phénomène, qui s’aggrave ».

L’auteur présumé de l’attaque ayant fait trois morts dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice, Brahim Issaoui, est un Tunisien de 21 ans arrivé clandestinement en Europe par l’île italienne de Lampedusa le 20 septembre. Il a rejoint la France la veille de l’attaque, selon une source proche de l’enquête toujours en cours côté tunisien.

Le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a pour sa part appelé ce weekend ses ministres de l’intérieur et de la Justice à « coopérer pleinement avec les autorités françaises dans l’enquête ».

De son coté, Gérald Darmanin a donné des précisions dimanche dans un entretien à La Voix du Nord, sur le projet de loi concernant le délit de séparatisme voulu par le président Macron.

« Toute personne ou groupe qui voudra faire pression sur les agents des services publics, quelqu’un qui refuse de se faire soigner par une femme ou qui refuse l’enseignement d’un professeur, pourra être poursuivi jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende », précise le ministre de l’Intérieur français.

Avant Tunis, Darmanin a fait escale à Malte, une étape dominée par les questions migratoires. C’est à Alger qu’il devrait conclure une tournée qui vient empiéter sur un agenda national français chargé, en plein reconfinement du pays.

 

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Seif Soudani