Campement de migrants quai d’Austerlitz : « Un double langage permanent »

 Campement de migrants quai d’Austerlitz : « Un double langage permanent »

Tentes de migrants sur le quai d’Austerlitz


 


Le campement de migrants du quai d'Austerlitz grossit lentement. Le collectif de soutien craignait une expulsion au plein de cœur de l'anonymat estival, mais après le fiasco retentissant de l'expulsion de La Chapelle, la mairie de Paris semble avoir changé son fusil d'épaule. Jusqu'ici rien ne se passe, les associations restent très méfiantes malgré tout.


 


Double jeu


« La mairie de Paris joue un double jeu. Mi-juillet, elle a engagé une procédure en référé pour expulsion d'une partie du camp » selon Marc Naelten, membre du collectif de soutien et du Réseau éducation sans frontières 5ème-13ème (RESF). La décision définitive du juge sera donnée le 11 septembre. Cependant les associations restent perplexes quant aux différents signaux envoyés. D'un côté une procédure d'expulsion, de l'autre un discours politique différent : « Si on écoute les politiques et en particulier Bruno Julliard [Premier adjoint au maire de Paris, ndlr], les solutions doivent être imminentes, organisées avec hébergement, accompagnement et tout. On a un double langage permanent. Et au bout du compte il ne se passe rien ».


 


Statu quo


Le campement du quai d'Austerlitz est une double problématique pour la mairie de Paris. Une partie est sur la propriété du Port autonome de Paris et une petite partie est sur le domaine de la ville. C'est cette dernière partie qui est concernée par une future expulsion. Pour le militant de RESF, tous ces mouvements ne sont que de la poudre aux yeux : « Tout cela ne change rien. S'ils avaient les moyens de prendre une décision intelligente, c'est-à-dire qu'ils organisent conjointement, l'hébergement, l'accompagnement et tout, décision de justice ou pas, ils la prendraient. Simplement ça leur permet d'utiliser des arguments dilatoires ». Rien faire et gagner du temps avant d'engager une expulsion qui serait vue comme l'ultime solution ? Ou en avançant des arguments sanitaires ? Le collectif a du mal à cerner le jeu de la mairie de Paris.


 


Et le camp s'agrandit …


« Les gens sont sur le quai, le campement augmente en nombre. Par exemple, nous nous retrouvons à la tête de dix mineurs isolés depuis quelques jours. On est dans l'incurie au sens propre du terme » témoigne Marc Naelten. Pour ce dernier, la mairie de Paris se voile la face : « On ne veut pas reconnaître qu'on est dans une situation de flux, donc pas dans une situation qui va s’arrêter, et on ne prend pas les mesures adéquates. Il faudrait mettre en place des structures qui permettent d'accueillir les gens qui arrivent ». Une solution peut-être jugée trop coûteuse par la ville. En attendant, les migrants s'organisent comme ils peuvent et vivotent jusqu'à une expulsion inexorable …


 


F. Duhamel

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