Les « Expulsé-e-s de la République » se mobilisent

Début avril, des familles à la rue se sont installées Place de la République (Paris) avec pour seul toit des bâches de fortune. Depuis le 30 juillet dernier, ces familles, qui atteignent aujourd'hui le nombre de 140, manifestent 24h/24 pour obtenir un toit. Débutés la semaine dernière, les « Expulsé-e-s de la place de la République » organisent des ciné-concerts pour attirer l'attention sur leur situation dont semblent totalement se désintéresser les pouvoirs publics.

Témoignages de luttes

« Nous sommes place de la République pour demander au gouvernement de mettre en œuvre les lois de la République » scandait Jean-Baptiste Eyraud, fondateur de l'association Droit au logement (DAL), mi-avril dernier. Depuis, rien n'a vraiment changé. C'est pourquoi les associations et familles ont décidé de refaire du bruit en cette rentrée. Et notamment avec la projection d'un journal de la lutte des « Expulsé-e-s de la République », en plusieurs épisodes, de Samir Abdallah, Agnès Denis et José Reynes. Depuis la semaine dernière, chaque samedi, une projection sera organisée ainsi qu'un concert. Un rassemblement festif mais surtout revendicatif dans une période où les parents et enfants du campement de République sont encore plus sous tension selon le droit au logement (DAL) : « Avec la rentrée scolaire, cette semaine, c'est l'angoisse pour ces familles de ne savoir où scolariser les enfants, d'être loin du lieu de travail ou de se retrouver à la rue d'un jour à l'autre ».

Solidarité entre campements

Plusieurs campements ont ainsi pu témoigner, face caméra, de leur réalité quotidienne, leurs difficultés. Les campements de Saint-Ouen, Pantin (Chemin des vignes), La Courneuve (Expulsés du bidonville du samaritain…), d'Austerlitz et enfin de la République relatent un été particulièrement houleux où les expulsions ont été légions (La Chapelle, Halle Pajol…), ne serait-ce que la semaine dernière en Seine Saint-Denis. Des manifestations et témoignages ayant pour but de réveiller des pouvoirs publics qui ne leur ont donné aucune nouvelle depuis début août… Début avril, le préfet de Région avait annoncé vouloir « reloger les familles prioritaires DALO qui sont mobilisées sur la place », depuis c'est le silence radio. Les militants du DAL ne se découragent pas et gardent les mêmes revendications : reloger chaque famille, l'arrêt immédiat des expulsions sans relogement, la mobilisation de 100 000 logements vacants (dont 50 000 en Île-de-France) et la construction de 200 000 HLM à loyers modérés.

Ciné-concert de solidarité aux « Expulsé-e-s de la République », samedi 5 septembre, 20h place de la République (Paris).

Ferdinand Duhamel