Migrants : « une crise des égoïsmes nationaux »

 Migrants : « une crise des égoïsmes nationaux »

Evacuation d’un camp de migrant situé entre les stations de métro Jaurès et Stalingrad à Paris


 


Dans le cadre de ses rencontres interculturelles, le collectif Ensemble nous sommes le 10ème organisait le débat « Crise des migrations, non, Crise des solidarités ! », à la mairie du Xe arrondissement de Paris (27-09-2016). Existe-t-il une véritable crise des migrants ? Pour les intervenants, le problème n’est clairement pas le déplacement des populations mais plutôt un accueil des plus mitigés de ces migrants en France et en Europe. 


 


Invasion ?


« Les migrations font partie de l'histoire de l'humanité. Nos ancêtres les Gaulois, comme dirait un certain candidat à la présidentielle, ils ont été légèrement mâtinés à travers les siècles. Les Francs étaient des envahisseurs venus du Nord. Relativisons ces questions », ironise Marie-Christine Vergiat, députée européenne (Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique). Cette dernière rappelle que l’année dernière, il y a eu 65.3 millions de réfugiés et déplacés dans le monde, un chiffre record. Cependant, la députée relativise « l’arrivée massive de migrants » en France et en Europe : « Si on regarde ce que représente 1 million de personnes [migrants, ndlr] par rapport à l'ensemble de la population européenne, c'est 0.2% de la population européenne. Au Liban, 20% de la population sont des réfugiés. Beaucoup de Syriens, mais aussi de Palestiniens qui sont là depuis de nombreuses années ».


 


Violence institutionnelle


Egalement présent pour apporter son témoignage, Wissam, habitant du 18e arrondissement de Paris et membre actif du collectif Chapelle debout !, revient sur l’évacuation du métro aérien de la Chapelle et la quarantaine de camps de rue créés et démantelés depuis un an. Des conditions de vie déplorables et des autorités qui sont loin d’améliorer la situation selon Wissam : « Nous avons tenté de porter des droits, droits alimentaires, à la santé, puisque la mairie de Paris et l'Etat ont fermé les points d'eau et les toilettes. Beaucoup de migrants avaient donc des occlusions intestinales ». C’est donc bien des habitants que vient le soutien et l’humanité quand les institutions restent parfois très fermées au dialogue : « Lors des tentatives de rencontre avec la mairie ou la préfecture, on s'est souvent vu opposé un refus au fait que les migrants puissent s'exprimer sur une situation qui les concernait. Lors d’une réunion, le directeur de cabinet de la préfecture nous a dit, alors que nous étions avec des Afghans arrivés en France depuis une semaine : « A la préfecture on parle français ! » ».


 


Il semblerait que la France, terre d’accueil, ait bien changé. Pour Marie-christine Vergiat, c’est loin d’être un problème économique : « La crise dont ils nous rabattent les oreilles, est une crise de la solidarité, une crise des égoïsmes nationaux et de la montée des égoïsmes nationaux à l'intérieur de l'union européenne ». Même son de cloche du côté de Wissam, visiblement très déçu de la façon dont sont traités les migrants en France, pays des droits de l’Homme : « Les valeurs, dont on se gargarise et qu'on exporte à coups de bombe, est-ce qu'elles valent pour tout le monde ? ». Nos hommes politiques ne semblent pas vraiment se poser la question…


 


F. Duhamel

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