L214 révèle des images horrifiques dans un abattoir Bigard

 L214 révèle des images horrifiques dans un abattoir Bigard

Thomas Saïdi, enquêteur pour l’association de défense des animaux L214, a infiltré pendant 4 mois l’abattoir Bigard de Cuiseaux, où il a pu être témoin de manquements graves à la réglementation… Les images qu’il a pu filmer en caméra cachée sont bouleversantes. Entretien vidéo.

Thomas Saïdi a été embauché après avoir passé un entretien de deux minutes avec le vétérinaire officiel de l’abattoir Bigard, en présentant un CV dénué de compétences en lien avec son futur poste : inspecteur sanitaire au sein des services vétérinaires, services dépendant du ministère de l’Agriculture.

Graves carences des services vétérinaires

Directement mis sur la chaîne de l’abattage, l’enquêteur a été autonome au bout d’une semaine pour contrôler l’abattage rituel et trois semaines pour contrôler l’hygiène de la viande. Formé sur le tas et recevant des informations contradictoires, Thomas s’est notamment vite rendu compte que s’il n’avait pas fait lui-même ses propres recherches, il aurait aisément pu mettre la santé des humains en danger lors de ses contrôles sanitaires. Quant aux inspections des services vétérinaires, elles étaient extrêmement rares, alors que la réglementation exige que « les opérations d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux [soient] placées sous la surveillance continue des agents du service d’inspection ». En réalité, seuls 1 à 2 % des abattages étaient contrôlés… Faute de personnel.

Des défaillances horrifiques

Thomas Saïdi a révélé des images de foetus de veaux morts par suffocation dans l’utérus de leur mère abattue, alors même que la règlementation interdit de transporter des vaches au-delà du huitième mois de gestation.  Le sang de ces foetus était alors prélevé pour en extraire du sérum destiné à être commercialisé par la société SeraFrance, puis vendu aux industries pharmaceutiques pour faire de la culture cellulaire. Dans la bouverie, la zone d’attente après déchargement, il arrive que des vaches restent enfermées dans des enclos à peine plus grands que leur corps pendant 48 h sans manger. Il arrive aussi que des bovins gravement blessés attendent 10h avant d’être abattus.

Choc à l’abattage rituel

Dans le cadre de l’abattage rituel (où la technique d’étourdissement avant mise à mort est proscrite), s’il y a bien des personnes rattachées aux organismes de certification qui sont en charge de garantir la conformité de l’abattage et des abats, Thomas a pu encore une fois être le témoin de graves défaillances. Les images sont extrêmement dures. Pour faire entrer les bovins dans le piège où ils seront mis à mort, Thomas a pu voir des employés mettre des coups de bâton, des coups de pile électrique, ou encore des coups de bâton électriques dans les yeux des vaches pour qu’elles avancent. Plus grave encore ont été les cas de reprise de conscience de l’animal, sans qu’aucun étourdissement d’urgence soit réalisé pour abréger les souffrances extrêmes pourtant évitables de l’animal. Malheureusement, quelque soit le mode d’opération, la souffrance animale ne peut jamais être évitée, la technique de l’étourdissement n’étant pas parfaite et les conditions d’élevage désastreuses.

Lutte pour l’interdiction de l’abattage sans étourdissement

Dans son combat contre la souffrance animale, L214 lutte pour l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, qui concerne les produits halal et casher. En effet, la majorité du corps scientifique et des vétérinaires s’accordent à dire qu’il provoque des souffrances supérieures à celles d’un abattage avec étourdissement préalable. Mais des exceptions subsistent. Certains scientifiques affirment que si l’abattage est réalisé avec une méthode adéquate, avec un geste précis et des outils performants, la bête meurt en quelques secondes et ne souffre pas. Mais c’est sans compter les reprises de conscience et ses longs instants de douleur, ainsi que tout le stress que l’animal accuse avant mise à mort, tel que l’on peut le voir sur les images.

Pour L214, la mise à mort des animaux sans étourdissement préalable est réalisée plus par usage que par nécessité religieuse. Elle souligne l’exemple de l’Indonésie, pays du monde où les musulmans sont les plus nombreux (200 millions), et qui accepte que les animaux soient étourdis avant l’abattage.

Plainte et pétition

À la suite de l’enquête de Thomas Saïdi dans l’abattoir Bigard de Cuiseaux, L214 a porté plainte pour sévices graves auprès du procureur du tribunal judiciaire de Chalon-sur-Saône et a déposé un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.

L’association a également lancé une pétition« Interdisons l’abattage des vaches gestantes et l’abattage sans étourdissement », qui a récolté à ce jour 87.289 signatures.

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Malika El Kettani