La France rattrapée par son « passé nucléaire » en Algérie

 La France rattrapée par son « passé nucléaire » en Algérie

Véhicules militaires abandonnés sur le site nucléaire de Hamoudia 1963

La France doit rendre des comptes concernant ses essais nucléaires en Algérie. Une ONG rappelle la nécessité de nettoyer les anciens sites de ces essais.

 

Passé nucléaire

Entre 1960 et 1992, pas moins de 17 essais nucléaires ont été réalisés par la France en Algérie. La plupart ont même été effectués après l’indépendance de l’Algérie. C’est en partie ce que révèle le rapport « Sous le sable, la radioactivité ! » publié (26 août) par l’ONG Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). Un rapport qui montre quelques avancées. Suite à des révélations sur accidents lors de certains essais et sur la mise en danger des populations, la loi « « du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français » a pu être adoptée. « Mais celle-ci ne prend pas en compte les conséquences environnementales » précise ICAN. L’ONG rappelle à la France la nécessité d’indiquer et de nettoyer les sites de ses essais nucléaires.

 

Enfouissement

« Absence d’archives consultables, d’absence de registres des travailleurs locaux ayant participé aux essais, les données sur les conséquences des essais restent très parcellaires et incomplètes » note ICAN. Un flou total que la France doit éclaircir selon l’ONG. Cette dernière révèle une politique d’enfouissement des déchets nucléaires dans le sable algérien. Des matériaux contaminés (avions, chars…), des déchets non radioactifs (issus notamment du démantèlement des sites) et des matières radioactives (sables vitrifiés, roche et lave contaminées) issues des explosions nucléaires, sont encore présents dans le désert algérien.

 

Avancées ?

Le rapport met toutefois en lumière des avancées, notamment avec l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), le 7 juillet 2017. L’Algérie a participé aux négociations et a signé ce traité permettant l’assistance aux victimes et la remise en état de l’environnement. Le TIAN comporte également « des obligations pour s’assurer que les zones contaminées soient pleinement connues ». Depuis 2012 et la déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie, signée par François Hollande et Abdelaziz Bouteflika, les choses ont quelque peu évolué. IL existe un groupe de travail mixte sur l’indemnisation des victimes algériennes des essais. Mais ICAN invite la France à aller plus loin. Le rapport recommande des « mesures concernant les déchets nucléaires, des mesures de protections sanitaires, des mesures auprès des populations,  de réhabilitation et protection de l’environnement ».

Charly Célinain