Farida Hamak, la mémoire au coeur

 Farida Hamak, la mémoire au coeur

Bou Saada Oultem


Cette Franco-Algérienne expose son dernier travail intitulé “Sur les traces”, une série d’images sur l’Algérie consacrée aux femmes, aux paysages, à la lumière, à la suspension du temps, à l’intimité. 


Farida Hamak quitte l’Algérie en guerre à l’âge de 6 ans pour s’installer en France avec sa famille en 1956. Elle se passionne pour la photographie après un voyage en Asie : l’apparition des images qu’elle développe en laboratoire à son retour l’émeut vivement. Elle apprend en autodidacte.


A Paris, elle rencontre son maître Henri Cartier-Bresson : il lui déconseille de s’engager dans cette profession difficile. Elle s’obstine. Les pays arabes l’inspirent. Elle photographie l’Algérie. Commence un travail étalé sur dix-sept ans : des portraits de sa famille, qu’elle compilera plus tard dans un livre Ma mère, histoire d’une immigration (Zellige, février 2008). En 1980, elle devient reporter de guerre au Liban pour l’agence Viva. Ce qui l’intéresse, c’est raconter la vie des gens pendant le conflit, non pas les champs de combats. Dans les années 1990, à Paris, elle est photographe de mode. Des univers aux antipodes mais en cohérence avec sa démarche artistique. “J’ai toujours porté à la fois un regard de photographe documentaire et plasticien.”`



Une lumière si singulière


Elle réalise aussi des clichés le long du fleuve Jourdain. Pour “Sur les traces”, sa série sur l’oasis algérienne de Bou-Saada, la “porte du désert”, l’artiste a voulu éviter l’écueil de l’orientalisme. Saisie par les couleurs et la lumière éblouissante, si singulière de cet endroit à l’atmosphère très aride, elle exalte le blanc, la transparence. Ses images contemplatives, oniriques, mystérieuses, semblent pister les empreintes, le sillage d’une apparition. “C’est une référence à l’invisible, un parti pris pour ce qui n’est pas montré. Une histoire de sensations. Un témoignage de l’expérience du temps et de l’impalpable territoire, cette immensité de sable et de lumière, explique-t-elle. J’ai travaillé la notion d’épure pour laisser la place à ce blanc. Mon approche envers les rares personnages n’est pas psychologique, mais vise plutôt à montrer comment leurs gestes, leurs déplacements sont modelés par la lumière du pays. Ces images mêlant paysages et humains suggèrent l’esprit d’un territoire.” 


La Suite de la série photographie :


Hicham Benohoud : « Je porte un regard critique, onirique et ironique sur le Maroc »


Hakim Benchekroun, explorateur de lieux oubliés


La photographie arabe au delà des clichés


MAGAZINE SEPTEMBRE 2017

La rédaction du Courrier de l'Atlas