HANIFA TAHER AL BLOOSHI, des produits biodégradables anti-marées noires

 HANIFA TAHER AL BLOOSHI, des produits biodégradables anti-marées noires

Crédit photo : L’Oréal


Chimiste à l’université Khalifa, aux Emirats arabes unis, la scientifique s’apprête à formuler et à produire des dispersants biodégradables pour traiter les fuites de pétrole en mer.


Les déversements accidentels d’hydrocarbures comptent ­parmi les plus importants dangers de pollution pour l’environnement. Plus de 45 fuites importantes ont été répertoriées depuis 2010 – dont quatre survenues en 2016 –, lesquelles ont libéré quelque 6 000 tonnes de pétrole dans les océans. Pour accélérer la dispersion des hydrocarbures et leur biodégradation dans l’eau, on ­utilise des dispersants chimiques. “Seulement, ils génèrent des effets toxiques sur l’écosystème marin”, observe Hanifa Taher Al Blooshi, chimiste à l’université Khalifa d’Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Avec ce procédé, l’eau peut se révéler plus toxique que les nappes de pétrole elles-mêmes pour les organismes ­vivant près de la surface…


 


Donner une nouvelle vie aux déchets verts


Depuis deux ans, la chercheuse de 34 ans travaille à la mise au point de nouveaux composés dispersants biodégradables et inoffensifs pour l’environnement. “Il s’agit de biomatériaux issus de ­déchets pouvant provenir de palmiers, qui ­seraient ensuite ­recyclés”, précise-t-elle. Ces composés verts et tensio­actifs extraits de plantes sont synthétisés de façon écologique, avec une moindre utilisation de produits chimiques nocifs. Son équipe s’apprête à les formuler et à en produire, afin de les comparer aux produits actuellement utilisés. “Nous allons évaluer leur efficacité et leur ­toxicité sur différents types de pétrole et dans diverses conditions aquatiques”, ­expose la professeure assistante du département de génie chimique et environnemental de l’université Khalifa.


Ce progrès en matière de dépollution profitera à la fois au ­secteur maritime et à celui de l’environnement, en donnant une nouvelle vie à des déchets verts. Hanifa Taher Al Blooshi poursuit cette recherche parallèlement à ses travaux sur les biocarburants produits à partir d’huile extraite de composés oléagineux. ­Un autre défi écologique. 


 


LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES POUR NETTOYER UNE MARÉE NOIRE


La méthode physique vise à protéger les rives. Ainsi, les barrages flottants servent à freiner la progression de la nappe d’hydrocarbures et à la concentrer avant de la pomper. Dans le cas du pétrole lourd, qui flotte entre deux eaux, il faut avoir recours à des chalutages et des systèmes de pompage pour le récupérer. La combustion thermique consiste à réduire la nappe de pétrole en l’incendiant. Il s’agit d’empêcher l’arrivée de la marée noire sur les côtes ou des points sensibles.


Les dispersants chimiques transforment la nappe de pétrole en micro-gouttelettes qui vont former, avec l’action des vagues – ce qu’on appelle des micelles. Ces agrégats de molécules s’enfoncent ensuite dans l’eau. Quant au traitement biologique, il utilise des micro-organismes pour dégrader les concentrations d’hydrocarbures résiduels faibles.


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