« Les filles du soleil », quand les femmes refusent leur destin de victime

 « Les filles du soleil », quand les femmes refusent leur destin de victime

Une scène du film d’Eva Husson « Les filles du soleil »


Vacarme de guerre et hymne des rebelles « la femme, la vie, la liberté ! », quelque part au  Kurdistan.  Bahar commandante des Filles du soleil, bataillon composé de femmes soldates kurdes, refuse son destin de victime et se rebelle avec les siennes contre les actes barbares des hommes de Daech. Ce combat quotidien est couvert par Mathilde, journaliste française, présente lors des trois jours de l’offensive.


Raconter de vraies histoires à travers la fiction, dans son film Les filles du soleil (en salle le 21 novembre), Eva Husson nous livre de belles émotions : « Je crois profondément au pouvoir de la fiction, qu’on puisse être dans une empathie assez importante et profonde quand on connait l’histoire des personnages ». Cette rencontre entre Bahar (Golshifteh Farhani) et Mathilde (Emmanuelle Bercot),  illustre deux approches croisées (orientale et occidentale) face à une peine similaire de deux femmes qui ont perdu récemment leurs maris, loin de leurs enfants.


Le scénario d’Eva Husson présente les personnages à travers une lecture académique et journalistique du sujet. Dans sa narration de l’histoire, la réalisatrice s’attache particulièrement au personnage de Mathilde, la journaliste française identifiable à son cache-œil, en référence à la reporter américaine Marie Colvin, morte en Syrie en 2012. « Il est nécessaire de parler des  reporters de guerres quand on parle de ce genre d’histoires », ajoute la réalisatrice justifiant son choix de raconter le film du point de vue d’une journaliste occidentale.


Face à Mathilde, le caractère du personnage de la commandante Bahar dépasse la peine et la douceur féminine. L’ancienne avocate se retrouve commandante des Filles du soleil,  sans âme ni émotion, son enfant kidnappé domine sa pensée, le lourd passé chargé en traumatisme, pousse l’esprit humain chez Bahar et ses combattantes a prendre une nouvelle dimension de revanche et de résistance, ou la force de la vie résiste à la mort.


Ces femmes prennent leur destin en main pour changer de vie et ne pas rester dans cet état victimaire. « On a rencontré les combattantes qui ont survécu à l’esclavage ». De ce témoignage a découlé ce film poignant et réaliste à découvrir dès aujourd’hui dans les salles obscures.

Fethallah Qouir