L’acteur et metteur en scène algérien Ahmed Benaïssa est décédé

 L’acteur et metteur en scène algérien Ahmed Benaïssa est décédé

L’acteur algérien Ahmed Benaïssa décédé le 20-05-2022, ici, lors d’une répétition de la pièce « Meursaults » du metteur en scène français Philippe Berling, le 20 juillet 2015 à la Salle Benoit XII l à Avignon, dans le cadre du Festival de théâtre d’Avignon. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

C’est une bien triste nouvelle pour le cinéma algérien. Deux semaines après la mort de l’acteur et humoriste Mohamed Hazim, survenue le 4 mai dernier, c’est au tour de l’immense acteur Ahmed Benaïssa de tirer sa révérence.

 

Ahmed Benaïssa nous a quittés ce vendredi 20 mai à l’âge de 78 ans, après une longue maladie, comme l’a annoncé le ministère algérien de la Culture sur sa page Facebook.

Le comédien et réalisateur franco-algérien Lyes Salem a bien connu Ahmed Benaïssa. Il l’a dirigé dans l’Oranais, film de 2013, qui raconte le destin croisé de deux héros de l’indépendance algérienne après la guerre.

A l’annonce de son décès, Lyes Salem a tenu à lui rendre hommage : « Ahmed Benaïssa était sans doute un des acteurs de la scène artistique algérienne les plus importants. Qu’il repose en Paix ».

En 50 ans de carrière, l’acteur algérien a joué dans plus de 120 films, de « Papicha », en passant par « Hollywood à Tamanrasset », ou « Hors-la-loi », il était très apprécié des deux côtés de la Méditerranée. Il apparaissait très régulièrement dans des séries télé françaises et algériennes.

Benaïssa était aussi un homme de théâtre. Il a mené de nombreux projets sur les planches à Alger et à Oran. Il a également dirigé courageusement le théâtre régional de Sidi Bel Abbes en 1995 en pleine décennie noire.

Très ému, l’écrivain à succès Yasmina Khadra s’est fendu d’un merveilleux texte pour lui exprimer toute sa gratitude : « Tu as traversé ce monde comme un désert, avec quelques escales dans de rares oasis et des vertiges délétères au large des mirages. Tu avais du talent à ne savoir où l’engranger, une dégaine en mesure de conquérir tous les feux de la rampe et une générosité à crever les écrans. Tu adorais le cinéma dans un pays où les salles de projection sont livrées à la ruine et aux rats, tu adorais le théâtre dont le plancher geignard pleure ses géants d’autrefois, tu voulais interpréter tous les rôles, être roi et brigand, charmeur et mauvais garçon, héros éblouissant et âme damnée, trimardeur halluciné et sauveur de nation, tu voulais tous les rôles parce que tu avais tous les talents. (…). Merci pour les rêves que tu as confectionnés pour les autres pendant que l’on rognait les ailes aux tiens, merci pour l’homme que tu as été, pour ce centaure merveilleux que j’avais reçu chez moi à Tamanrasset, en 1988. (…) Ces quelques mots que je t’adresse tisonnent ma peine. Je suis triste pour ta famille, pour tes amis, pour le cinéma algérien et le cinéma tout court et pour toutes les belles choses qu’on t’a empêché de réaliser pour nous ».

 

Nadir Dendoune