Le combat de trois Françaises pour qu’un étudiant à l’Institut français de Gaza soit évacué par la France

 Le combat de trois Françaises pour qu’un étudiant à l’Institut français de Gaza soit évacué par la France

Ahmed, un étudiant à l’Institut français de Gaza. Photo : DR

Depuis qu’Ahmed, 26 ans, habitant de Gaza a parlé à ses trois amies françaises, Marie, Émilie et Myriam, de son souhait de venir étudier en France, ces trois femmes remuent ciel et terre pour tenter de faire venir cet étudiant en français sur le territoire national.

 

En quelques jours, elles ont réussi à convaincre 11 députés de les aider à exaucer le rêve de cet amoureux de la France. Dix sont issus de la France Insoumise, comme Carlos Bilongo, député du Val-d’Oise, Mathilde Panot, patronne des Insoumis à l’Assemblée, ou encore Louis Boyard, parlementaire du Val-de-Marne « qui a beaucoup œuvré pour persuader ses confrères », tient à rappeler Marie.

Parmi les autres soutiens d’Ahmed, il y a également une députée communiste, Elsa Faucillon, et trois maires, ceux de Stains, d’Ivry-sur-Seine et de l’Ile-Saint-Denis. « Et ce n’est que le début », espère Marie.

« De Gaza, de ma fenêtre, je nourrissais l’espoir de peut-être un jour venir étudier en France. A Gaza, je regardais des matchs du PSG avec mon maillot, en espérant voir jouer Mbappé en vrai. Je m’imaginais déambuler dans les rues de Paris et aller au cinéma. Je suis un grand cinéphile et j’affectionne particulièrement le cinéma français. Je tiens d’ailleurs depuis 5 ans un compte de critique de films sur instagram », livre avec tendresse Ahmed.

En mars 2020, en plus du blocus imposé par Israël depuis 2007, Gaza, comme le reste du monde, est confiné. Ahmed s’ennuie et décide de réaliser un vieux rêve : il se met à apprendre seul le français. Un an plus tard, voyant ses progrès, un ami lui suggère de s’inscrire à l’Institut français de Gaza. « Je n’aurais jamais imaginé que l’année suivante, j’étudierais la littérature française à l’université », explique-t-il avec fierté.

Ahmed est né à Gaza. Il vit depuis toujours dans ce territoire enclavé palestinien avec sa famille, réfugiée ici depuis 1948, depuis la « Nakba », la catastrophe pour les Palestiniens, où près de 800 000 d’entre eux furent expulsés par les milices sionistes.

Ahmed a déjà vécu quatre guerres. Sa première, il avait onze ans. C’était en 2008. Il raconte : « Je vis mes premiers bombardements. Je me rappelle encore de ce jour. J’ai croisé mes camarades de classe sur la route et nous avons pris le chemin le plus court entre les maisons de réfugiés.

Nous étions à environ 3 minutes de l’école quand tout à coup, nous avons entendu une forte explosion. Puis 6 autres. J’ai senti le sol trembler sous mes pieds. Les pierres des maisons volaient, l’une d’elle est passée près de ma tête. Nous avons couru sous l’épaisse fumée noire.

J’ai couru aussi vite que possible pour vérifier si mon père était parti travailler ou non. Je pensais à ma sœur qui était à l’université et aussi à mes frères qui étaient à l’école. Je ne peux pas décrire comment un enfant de 11 ans, qui ne pense qu’à jouer avec ses amis, regarde soudainement ses parents et voit la peur dans leurs yeux ».

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Quinze ans plus tard, en réponse aux massacres orchestrés par le Hamas où 1 200 Israéliens ont perdu la vie, Israël pilonne Gaza. Depuis plus de deux mois, l’armée israélienne bombarde sans relâche ce territoire grand comme la métropole de Toulon, causant la vie à près de 18 000 personnes, – dont une majorité de civils -, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de la Santé du Hamas.

Ahmed est très inquiet pour la suite. « Gaza, aujourd’hui, c’est le rouge du sang qui coule et se répand, c’est l’odeur de la mort omniprésente. A Gaza, aujourd’hui, toutes les lumières se sont éteintes : en bas de mon immeuble, nous n’entendons plus les enfants jouer. Nous entendons le bourdonnement des drones, toute la journée, au-dessus de nos têtes.

Nous entendons les missiles souffler les maisons des environs. Mais surtout. Surtout. Nous entendons les cris. Les cris des victimes qui hurlent de douleur, les cris des gens coincés sous les décombres, que personne ne pourra venir chercher. Et les cris des survivants qui pleurent un ou des enfants. Un ou des proches », raconte-t-il apeuré.

Marie, Émilie et Myriam espèrent que la vague de soutien autour d’Ahmed suffira à convaincre les autorités françaises à lui accorder un visa. « Nous l’avons déjà inscrit à une prestigieuse université parisienne, précisent les trois femmes et nous l’aiderons à se loger », promettent-elles.

Une pétition mise en ligne il y a 24 heures a déjà recueilli 500 signatures.

Lien de la pétition : ici

 

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