Le Sénat veut interdire l’écriture inclusive

 Le Sénat veut interdire l’écriture inclusive

Valence, le 30-09-2023. Eric Ciotti au Campus des Jeunes LR salue les militants de l’UNI qui sont contre l’écriture inclusive. Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Une proposition de loi visant à « protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive » va être examinée ce soir, un texte jugé rétrograde par la gauche.

 

Discussions animées en perspective. Le texte de la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny prévoit en effet de bannir l’écriture inclusive « dans tous les cas où le législateur (et éventuellement le pouvoir réglementaire) exige un document en français ». 

Un large panel est visé: les modes d’emploi, les contrats de travail, les règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques, qui seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls si la mesure venait à être appliquée.

Les sénateurs demandent l’interdiction des mots grammaticaux constituant des néologismes tels que « iel », une contraction de « il » et « elle », ou « celleux », contraction de « celles » et « ceux ».

La proposition de loi prévoit aussi d’inscrire l’interdiction de l’écriture inclusive dans le code de l’éducation, alors que son utilisation est déjà proscrite à l’école par une circulaire de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer en 2021.

 

« Péril mortel »

Le texte suscite l’indignation d’une partie de la gauche, dénonçant un texte « inconstitutionnel, rétrograde et réactionnaire » contre un « outil de lutte contre les inégalités femmes-hommes », alors que l’écriture inclusive a été qualifiée de « péril mortel » par l’Académie française.

Le fameux point médian, par exemple « sénateur.rice.s » est clairement visé. La proposition de loi a de bonnes chances d’aboutir à une adoption, compte tenu de la domination de la droite et du centre à la chambre haute, ce qui serait une première au Parlement.

Mais rien n’assure qu’elle sera reprise ensuite par l’Assemblée: une proposition similaire du Rassemblement national a été retirée en cours d’examen en octobre alors qu’elle se dirigeait vers un rejet.

 

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Chloé Juhel