« Jours tranquilles à Istanbul », chroniques d’une journaliste française

 « Jours tranquilles à Istanbul », chroniques d’une journaliste française

« Jours tranquilles à Istanbul »


C’est le récit quotidien de Camille Lafrance, une journaliste française installée près de 3 ans dans la capitale turque. Entre choses vues et angles choisis.


Après « Jours tranquilles à Tunis » ou encore « Jours tranquilles à Tripoli », la maison d’édition Riveneuve publie « Jours tranquilles à Istanbul ». Sur le même principe, il s’agit de notes qui étaient a priori vouées à rester au fond du tiroir, dans un petit carnet. Le récit de Camille Lafrance est, selon ses propres mots, une « page d’un vécu singulier », « un va-et-vient entre légèreté et tragique ». Il débute fin 2015 et s’achève à l’été 2018, laissant à la journaliste, jusqu’à ce jour, la sensation d’être « baignée entre souvenirs et interrogations ».



Mégalopole tentaculaire 



Camille Lafrance nous promène donc dans les rues d’Istanbul où elle vit et travaille. Elle nous raconte la vie nocturne des travestis et transsexuels, « la beauté et la vitalité de cette mégalopole tentaculaire », cette rencontre, à la fois anecdotique et symptomatique, avec deux enfants de 7 et 12 ans, shootés à la colle et qui l’observent à travers une vitre, en la singeant, alors qu’elle fait du sport sur son « vélo elliptique ».



Kamikaze et chorale



Outre les anecdotes qui en disent beaucoup sur la société turque, la journaliste évoque également son ressenti le jour où un kamikaze se fait exploser à 5 km de chez elle, en janvier 2016, entre Sainte-Sophie et la mosquée bleue, au cœur d’Istanbul.


Camille Lafrance raconte la secousse ressentie, la frayeur aussi, bien sûr. Il y a également l’histoire de Maïsa, qui a fui la Syrie et qui renoue avec ses racines grâce à sa chorale Mosaic, qui s’est produite dans différents festivals.



Pas assez de généralités 



Il y a enfin le quotidien d’une journaliste pigiste, Camille Lafrance le raconte à travers le refus d’une agence de presse turque de publier l’un de ses papiers consacrés à l’agriculture bio en Turquie au motif que ce texte n’est pas assez « allusif », ne repose pas sur assez de « généralités ». « La culture turque n’apprécie pas ça, quand quelqu’un est trop honnête », écrit le représentant de cette agence de presse. La censure, une réalité basique rappelée ici, par le biais de cet exemple apparemment anodin.



« Jours tranquilles à Istanbul », de Camille Lafrance, paru aux éditions Riveneuve

Chloé Juhel