Livres. La relocalisation écologique et solidaire

 Livres. La relocalisation écologique et solidaire

LA RELOCALISATION SOLIDAIRE, Écologique, économique et démocratique, de Thierry Brugvin, paru aux éditions Dacres.

La relocalisation éco-solidaire comme alternative à la mondialisation libérale. Dans son dernier ouvrage « La relocalisation solidaire, écologique, économique et démocratique » (Ed. Dacres, 2022), Thierry Brugvin, sociologue, présente plusieurs propositions concrètes pour la mise en œuvre de la relocalisation multisectorielle.

 

 

La mondialisation libérale a conduit à une dérégulation excessive, une perte de souveraineté des Etats et de leurs peuples, entrainant un chaos socio-économique, culturel et démocratique, en particulier dans les nations les plus pauvres. A cela s’ajoute un renforcement de la crise écologique avec la croissance des transports internationaux.

 

Or, il existe des alternatives concrètes pour relocaliser la production et donc diminuer les transports, pour mieux protéger l’environnement notamment. Or, le désir de croissance infinie de l’économie, de la vitesse et des transports contribue à vivre dans un mouvement perpétuel favorable à l’oubli de soi et au capitalisme néolibéral. A l’inverse, la relocalisation suppose une direction et une attitude opposée.

Par ailleurs, la relocalisation, via l’économie de proximité favorise un développement soutenable, de même que les différentes formes de vente directe, c’est-à-dire sans intermédiaires. Les monnaies locales favorisent la relocalisation, l’économie de proximité et l’autonomie solidaire. Elles peuvent contribuer à soutenir la production et l’emploi local et s’avèrent complémentaires aux monnaies régionales, nationales, continentales et même à une monnaie mondiale.

Pour inciter à relocaliser, certains proposent de réguler la consommation de carburant, afin de limiter les émissions de CO2. Pour cela, il existe la possibilité d’instaurer des taxes environnementales liées aux nombres de kilomètres parcourus avec des véhicules consommant du pétrole en particulier. Or, il s’avérerait plus équitable de décider de quotas par individus, sinon les plus pauvres seront comme d’habitude les plus pénalisés.

Le « flight shame », la honte de prendre l’avion pour des raisons environnementales s’avère aussi un premier indicateur. Néanmoins, il ne suffit pas de prendre l’avion pour parvenir à une empreinte carbone soutenable. En effet, on relève une forte corrélation entre le niveau des revenus et l’empreinte carbone ou écologique. Donc, une personne qui dispose de revenus importants et qui les dépense sans prendre l’avion générera néanmoins une forte empreinte carbone. Car quasiment toutes les formes de production génèrent des émissions de CO2.

 

La réorganisation de l’urbanisme et des relations villes-campagnes est un des axes de la relocalisation. Car les surfaces cultivables diminuent avec l’urbanisation croissante. Par ailleurs, les gros villages de paysans et les petites villes sont l’avenir de l’urbanisation future, car cela diminue les distances à parcourir dans ces communes pour s’approvisionner au plan alimentaire notamment. Par exemple, l’initiative des villes en transition vise à développer l’autonomie locale par la relocalisation. Par contre, le développement de petits villages ne permet pas une autonomie suffisante, notamment professionnelle, ce qui pousse à plus de déplacement. Or, en relocalisant, il est possible de densifier les villes, afin de diminuer les distances et les surfaces au sol. L’efficience consiste à cultiver la majorité des terres agricoles à la périphérie de la ville et à placer de petites zones boisées en ville. La relocalisation s’avère en partie un retour aux politiques de développement local. Précisons que le développement relève du qualitatif et ne doit être confondu avec la croissance qui s’inscrit dans le quantitatif.

 

La relocalisation peut être réalisée au plan écologique, économique, social, démocratique et culturel. Cependant, l’impact de la relocalisation des transports mondiaux sur le réchauffement climat s’avère important, mais pas majoritaire, puisqu’elle ne représente que 24,4 %, soit un quart des émissions de CO2, tandis que le restant se compose en particulier des centrales d’énergies (41,5 %) et de l’industrie (18,9 %).

 

La relocalisation relève d’un sous-courant des différents types de politiques, dont ceux de l’écologie politique. Ainsi, il existe 4 formes principales de relocalisation avec ou sans protectionnisme : une relocalisation protectionniste et non solidaire (de droite), la relocalisation peu protectionniste non solidaire (de droite modérée), la relocalisation éco-solidaire sans protectionnisme, la relocalisation éco-solidaire avec un protectionnisme ciblé. Le système de préférence généralisé (SPG) permettrait une relocalisation plus solidaire. Il évite le risque de protectionnisme déguisé des clauses sociales qui visaient à réguler le système commercial international. La relocalisation ne concerne pas uniquement l’écologie ou l’économie, elle peut relever de la démocratie.

 

Qu’est-ce que la dimension solidaire de la relocalisation fédéraliste : du local à l’international ? Il serait inadapté de mener une politique 100 % relocalisée ou à l’inverse une politique 100 % intégrée au système mondial socio-économique, gouvernemental, culturel et écologique. L’enjeu consiste donc à relocaliser majoritairement l’économie, le gouvernement et la culture, tout en conservant une intégration dans la régulation internationale. A l’inverse, au plan de l’écologie, il est préférable que la régulation soit majoritairement mondiale.

La relocalisation solidaire et écologique s’oppose au protectionnisme nationaliste égoïste. C’est pourquoi, une relocalisation éco-solidaire suppose de conserver une part de commerce équitable tout en préservant l’environnement. En 2017 dans le cadre de l’ordolibéralisme mondialisé, les importations de la France représentaient 24 %, soit environ un quart du PIB. Par conséquent, pour la France, elle se situerait autour de 5 à 10 % des importations et aussi des exportations. Tandis qu’un système autarcique chercherait à atteindre les 0 %.

par Thierry Brugvin

LA RELOCALISATION SOLIDAIRE, Écologique, économique et démocratique (Ed. Dacres, 2022)

 

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La rédaction