Mis.Tic n’est plus

 Mis.Tic n’est plus

L’artiste Miss Tic à côté d’une de ses œuvres dans son atelier, le 31 janvier 2006 à Paris. Cette icône de l’art de la rue, dont les pochoirs ont habillé les murs de la capitale depuis 1985 est décédée dimanche 22 mai 2022. BERTRAND GUAY / AFP

Miss.Tic était l’une des grandes figures du street art parisien. Ce week-end, elle est décédée d’un cancer, à l’âge de 66 ans.

 

Miss.Tic était l’une des fondatrices de l’art du pochoir. On ne compte plus les rues de la capitale dotées d’un de ses célèbres profils de femmes peints à l’encre noire. Ses héroïnes graphées ont ouvert la voie à de nombreux artistes.

« J’avais beaucoup de respect pour son parcours », a twitté Christian Guémy, alias C215. Sur Instagram, Jef Aerosol a évoqué « tant de moments partagés depuis le début des années 80 ». « Ses pochoirs devenus iconiques, résolument féministes, continueront longtemps à poétiser nos rues », a réagi sur Twitter la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak.

Légendes poétiques et incisives

« J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs », étaient les premières légendes poétiques et incisives apposées sous pour ses portraits, ici sur un mur du 14e arrondissement. Plus tard, Miss.Tic a écrit : « l’homme est un loup pour l’homme et un relou pour la femme » ; « Parisiennes femmes capitales » ou bien encore « Égérie et j’ai pleuré ».

Père tunisien, mère normande

Radhia Novat, de son vrai nom, a emprunté son pseudonyme à la sorcière Miss Tick de « La bande à Picsou ». Elle est née d’un père immigré tunisien et d’une mère normande.

Elle a commencé à imprimer son art en 1985 dans les rues de la Butte Montmartre où elle a grandi, du Marais, de Montorgueil et de la Butte-aux-Cailles, tous ces quartiers parisiens, après un séjour en Californie.

Chabrol et petit Larousse

Au début de sa carrière, Miss.Tic enregistre quelques ennuis judiciaires, le pochoir étant considéré comme une détérioration de biens. Après une amende conséquente en 1997, elle décide de négocier les espaces urbains où elle souhaite travailler. Son art attire alors les grandes marques dans les années 2000 : elle collabore avec Kenzo ou encore Louis Vuitton.

Plus tard, en 2007, elle signe l’affiche du film « La fille coupée en deux », de Claude Chabrol, et participe à l’édition 2010 du Petit Larousse en illustrant des mots de la langue française. Miss Tic sera l’une des artistes exposés à l’automne à l’Hôtel de Ville de Paris, à l’occasion d’une exposition retraçant 40 ans d’art urbain dans la capitale.

 

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Chloé Juhel