Nawel avant Debbouze

 Nawel avant Debbouze

crédit photos : FocusProd – Presse


Bien qu’elle ait intégré il y a peu le milieu de la mode, la sœur du célèbre humoriste avance très vite. La jeune créatrice a lancé en mai dernier un festival au Maroc. Portrait d’une femme talentueuse qui a fait du partage son credo. 


Derrière ce joli minois se cache une femme d’affaires aguerrie de 27 ans, qui a débarqué dans l’univers de la mode par la grande porte. Cela fait à peine un an que Nawel Debbouze officie aux manettes de la marque Jude Jude, au côté de la styliste Meryem Zemrani, et déjà, elle s’est frayé une place dans la Fashion Week parisienne tant convoitée. “On propose des accessoires, mais aussi une ligne de prêt-à-porter qui invitent au voyage, explique-t-elle. Notre inspiration prend source dans les techniques de l’artisanat marocain, en associant le caractère brut des matériaux à la sophistication des ornements.”



Explorer le raffinement du Maroc


La signature, originale, repose sur la déclinaison de cette broderie typique appelée Terz fassi, apposée sur des modèles aux coupes modernes. “C’était important de rendre ses lettres de noblesse à ce savoir-faire précieux et ancestral. Nos accessoires sont confectionnés par des petites mains d’un ­atelier à Marrakech, insiste la jeune designer. Je voulais ­explorer la sensibilité et le raffinement de mon pays”. Et tout est pensé jusqu’au moindre détail.


Avec un tel nom de famille, Nawel pourrait succomber aux caprices de starlette et lancer une première collection de mode juste pour le plaisir… mais il n’en est rien. Un patronyme encombrant ? Non plus ! “Mon frère Jamel est un véritable moteur pour la jeunesse et toute une génération. Si je suis son sillage, c’est un honneur ! J’ai travaillé dans l’évènementiel à ses côtés, j’ai beaucoup appris grâce à lui.”



De nature assez réservée, presque timide, la jeune femme avance avec modestie et sérénité. Elle n’a rien du profil de “la sœur de…”, qui fait ses preuves à coups de griffes. On la sent apaisée dans sa destinée : “Travailler dans la mode a toujours été une évidence, confie-t-elle. C’est ­surtout un moyen de faire de grandes choses !”



Quelques mois à peine après avoir lancé sa marque Jude Jude, elle se lie avec la créatrice Zaineb El Kadiri pour créer la première édition de l’African Fashion ­Talents, qui s’est tenue en mai dernier à Csablanca : “L’idée est de faire du Maroc un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe, là où les grands et petits créateurs de mode peuvent se rencontrer et écrire leur histoire.”


Et c’est ainsi qu’une vingtaine d’entre eux se sont donné rendez-vous durant quatre jours lors d’un festival haut en couleur, qui a récompensé le meilleur de la création du continent. Jude Jude était d’ailleurs présent sur les podiums avec une collection de vêtements autour du smoking et du wax.



Tendre la main aux jeunes créateurs


Au-delà du show organisé dans les lieux les plus hype de Casa, dont l’hôtel Sofitel, un dessein plus grand se dessine : “Ce festival a surtout une visée pédagogique. On accompagne les talents et on les aide à monter leur projet financièrement, avec notamment la présence de dirigeants bancaires conviés à l’occasion. Ce n’est pas un festival lambda, qui sert une succession de ‘photocalls’. Nous voulons être utiles et actives sur le terrain, en donnant l’impulsion vers des structures de microcrédit, des implications gouvernementales et le déblocage de fonds. Rendre hommage à l’Afrique et à son vivier d’artistes, qui ne demandent qu’à gagner en visibilité.”



En somme, tendre la main aux débutants sur une scène médiatique… un peu à la manière du Jamel Comedy Club ? “La comparaison me va, répond Nawel. Surtout quand on voit que ce tremplin a propulsé de vraies stars. J’aimerais bien avoir ce même bonheur… ” 


Barka Benhemine