France. Kadhafi trouble Sarkozy

 France. Kadhafi trouble Sarkozy

Pas au mieux dans les sondages


Lundi, le site mediapart a révélé une note confidentielle qui laisserait supposer que le défunt dictateur aurait financé une partie de la campagne du président français en 2007. Interrogé sur TF1, Nicolas Sarkozy n’a pas caché son agacement. (Photo AFP)




 


« Mouammar Kadhafi a-t-il financé Nicolas Sarkozy ? ». Voilà la question posée par le site mediapart lundi. Un pavé dans la mare en pleine campagne présidentielle. Pour laisser planer le doute, le site a publié un document confidentiel relatif au marchand d’armes Ziad Takieddine, encore lui, qui a effectué de nombreuses visites en Libye entre 2005 et 2007.


Selon mediapart, l’homme d’affaire libanais qui était « organisateur en 2005 des visites du ministre de l’Intérieur et de ses proches en Libye, puis en 2007 du président élu,  aurait mis en place les modalités de financement de sa campagne présidentielle par le régime Kadhafi en lien avec Brice Hortefeux, alors ministre des Collectivités locales ».


Ce n’est pas la première fois que ce possible financement est évoqué. En mars 2011, lors d’un entretien à la chaîne Euronews, le fils de Kadhafi, Saïf Al-Islam avait menacé Nicolas Sarkozy : « Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler ». Des menaces qui étaient restées sans lendemain.


 


Une troublante note confidentielle


Le site médiapart a révélé une partie de la note. Elle a été écrite en 2006 par Didier Grosskopf, l’ancien médecin personnel de Ziad Takieddine, qui l’a souvent accompagné en Libye. Son destinataire est Jean-Charles Brisar, « ancien membre de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur en 1995 ».


En voilà un passage : « MODALITES FIN CAMPAGNE NS REGLEES LORS DE LA VISITE EN LIBYE NS + BH 06.10.2005, PLUSIEURS ENTRETIENS PREALABLES ENTRE ZT ET SAIF AL ISLAM, ZT CHARGE DU MONTAGE ».


Dans cette note on retrouve plusieurs initiales : « NS » qui pourrait être Nicolas Sarkozy, « ZT » qui fait penser à Ziad Takieddine ou encore « BH » pour un certain Brice Hortefeux.


Mediapart révèle d’autres passages qui laissent à penser que le défunt dictateur aurait donné 50 millions d’euros au clan Sarkozy pour financer sa campagne en 2007.


« 50 ME MONTAGE INCLUT SOC BH PAN + BANQUE SUISSE (ND) FIN CAMPAGNE TOTALEMENT REGLE ».


 


 


Sarkozy agacé


« Je suis désolé pour vous que vous soyez la porte-parole du fils Kadhafi, franchement, je vous ai connue dans un meilleur rôle », a-t-il lancé furieusement à Laurence Ferrari qui lui posait une question sur le sujet lundi soir.


« Je suis désolé que, sur une grande chaîne comme TF1, on doive m’interroger sur les déclarations de M. Kadhafi ou de son fils. (…) Quand on reprend à son compte les questions qu’ils posaient, franchement, je pense qu’on est assez bas dans le débat politique », a rajouté le président.


Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on dément formellement ces accusations. Brice Hortefeux, contacté par mediapart, a reconnu avoir fait plusieurs voyages en Libye avec Nicolas Sarkozy en octobre 2005 mais il l’a assuré, « il n’a jamais été question de financement politique, ni de près ni de loin ».


La porte-parole du président-candidat, Nathalie Kosciusko-Morizet a voulu couper court à la polémique : « Ça fait des mois et maintenant des années que les uns, les autres cherchent à faire des déclarations fracassantes sans jamais d’ailleurs pouvoir rien prouver, en essayant d’atteindre le chef de l’État dans une affaire qui ne le concerne pas ».


Cette affaire ne tombe pas au meilleur des moments pour le président. Pas au mieux dans les sondages, le candidat Sarkozy s’en serait bien passé. Le site mediapart vient de lâcher une bombe qui peut exploser à tout moment. Et le détonateur pourrait bien être Saïf Al-Islam. Arrêté il y a peu de temps, le fils de Mouammar Kadhafi pourrait très bien y aller de son lot de révélations. Voilà une affaire qui ne fait que commencer.


Jonathan Ardines




 

Jonathan Ardines