France. La gauche prend la Bastille

 France. La gauche prend la Bastille

A la Bastille


Quelques minutes après le résultat de l’élection présidentielle, des milliers de personnes ont afflué place de La Bastille pour fêter tous ensemble cette victoire. Dans une atmosphère d’euphorie, les sympathisants de gauche n’ont pas boudé leur plaisir. (Photo AFP)




 


« Sarkozy, c’est fini ! Sarkozy, c’est fini ! », chante une dizaine de jeunes installés sur le toit d’un arrêt de bus. Plus bas, tout le monde reprend ce refrain jugé salutaire. « Enfin, on a réussi à s’en débarrasser », lâche comme un cri de soulagement Adama, jeune étudiant parisien. « Il nous en a fait baver pendant 5 ans, cette fois, c’est terminé, on ne le reverra plus », se félicite un couple de militants communistes un peu plus loin.


Malgré la victoire plus étriquée que prévu de François Hollande, ce dimanche soir place de la Bastille, on ne fait pas la fine bouche. Les sourires et les chants animent une soirée placée sous le signe de la libération. Les pancartes « casse toi pov con » qui se multiplient renforcent ce sentiment.


Ce soir, tout le monde se retrouve pour faire la fête. Jeunes, vieux, noirs, blancs, communiste, socialiste, écologiste ou simplement républicain comme Robert. « Je ne suis pas un homme de gauche, mais ce soir, je viens fêter le départ d’un président qui a sali l’image de la République ».


 


 « Une nouvelle époque pour mon enfant »


À l’intérieur de la place, c’est la bousculade. Tout le monde tente de se frayer un chemin pour apercevoir un chanteur, ou espérer voir le nouveau président. « Je suis venue de Sarcelles pour assister au discours de François Hollande, c’est un moment historique, je ne pouvais pas passer à côté », nous explique Sonia qui se fera emporter par un mouvement de foule.


Les drapeaux flottent dans la masse, de toutes les couleurs. À l’image d’une France multiculturelle qui s’est réunie pour partager ce moment ensemble. « C’est ça la France, nous lance Mounir, voilà la vraie France, pas celle qu’il voulait nous vendre ».


Sur la scène, les artistes se succèdent, Yannick Noah a fait le déplacement tout comme Anaïs ou Axel Bauer dont les paroles sont reprises par une partie de la foule. Arié Elmaleh, le frère de Gad n’est pas sur scène mais bien sur la place. Il tente de se frayer un chemin, venu partager ce moment de bonheur en toute intimité, malgré les quelques adolescents qui en profitent pour se faire tirer le portrait à ses côtés.


La place se remplit de plus en plus. Les artères environnantes affichent aussi complet. Assise sur un banc, une jeune femme enceinte regarde la scène les yeux gonflés par l’émotion. « Ça fait cinq ans qu’on attendait ça. Je stressais depuis quelques jours, de peur d’avoir une mauvaise surprise, mais non. Une nouvelle époque commence, pour nous et pour mon enfant qui va naître », se réjouit-elle.


 


« Mélenchon à Matignon »


Nombreux du Front de Gauche à avoir fait le déplacement ce soir. Heureux comme Nordine, mais toujours méfiants. « On l’a dégagé mais il faut rester mobilisé. Les élections législatives arrivent dans à peine un mois, on a besoin d’un Front de Gauche fort pour se faire entendre ». Quelques jeunes qui passaient par là entonnent un « Mélenchon à Matignon », repris par les militants présents.


Accoudés au comptoir d’une buvette, deux hommes discutent déjà de l’avenir. « On va voir si Hollande arrive à gouverner sans la finance, Mitterrand avait essayé mais il n’y était pas arrivé », explique l’un. « Cela va être important pour l’avenir de l’Europe. Peut-on redresser l’UE sans aucun plan d’austérité ? C’est le défi de demain », lui répond l’autre.


La foule continue d’arriver. Dans les rues avoisinantes, on assiste à un concert de klaxons. Paris profite de cet instant historique. La ville attendait ce moment depuis 1987 et cerise sur le gâteau, pour la première fois, le candidat PS l’a emporté dans la capitale. Ça méritait bien une nuit d’ivresse.


Jonathan Ardines

 

Jonathan Ardines