Maroc – Espagne. Accord de pêche, le bras de fer se profile…

 Maroc – Espagne. Accord de pêche, le bras de fer se profile…

Depuis la non-reconduction de l’accord de pêche avec le Maroc

Dossier tendu qui risque de mettre à mal les relations Maroc-Espagne, l’éventuelle reconduction d’un accord de pêche avec l’Union européenne n’est pas du goût des professionnels marocains, qui pointent du doigt le non-respect des clauses de l’ancien accord…

 

La non-reconduction de l’accord de pêche Maroc-UE continue de faire des remous. Des signaux contradictoires fusent des deux côtés de la Méditerranée.

Dans une déclaration récente, Eneko Landaburu, chef de la délégation de l’UE au Maroc, a promis « la signature prochaine d’un nouvel accord ». Même son de cloche du côté du gouvernement Benkirane, qui se déclare disposé à conclure un nouvel accord fondé sur de nouvelles bases.

Ce qui n’est pas du goût du Collectif pêche et développement durable. Pour ces derniers, « l’accord n’a pas contribué au développement de la pêche marocaine, contrairement aux engagements pris ».

Une grogne compréhensible au regard des clauses non respectées par l’ancien accord. Pas de valeur ajoutée pour l’industrie locale marocaine, non respect de la clause de débarquement des captures dans les ports marocains, ni de l’obligation de la présence d’un contrôleur scientifique marocain sur les navires européens…

 

Exportations et emploi en berne

Pour le Collectif, les répercussions négatives de cet accord sont plus nombreuses que ses bienfaits. Il faut reconnaître qu’une consultation rapide des statistiques marocaines met en évidence ce déséquilibre.

Les exportations marocaines de produits de la mer ont baissé de 50%, alors qu’elles représentent 55% des exportations de produits agroalimentaires et 12% de l’ensemble des exportations marocaines. Une part qui pourrait chuter à 7% en cas de renouvellement de l’accord selon les professionnels du secteur…

Les répercussions en termes d’emploi sont également éloquentes. A titre d’exemple, le nombre de barques de pêche traditionnelle dans la région de Dakhla est passé de plus de 13 000 à quelque 3 400 barques.

 

Un marché de dupes ?

Le mécontentement des pêcheurs marocains n’a pas empêché les Espagnols de monter au créneau. Ce qui est somme toute « normal » quand on sait que l’Espagne détient plus de 100 licences de pêche sur les 119 attribuées à la flotte européenne.

Miguel Arias Canete, ministre espagnol de la pêche, qui s’est rendu cette semaine au siège de la Commission européenne, a déclaré « qu’un nouvel accord entre l’UE et le Maroc était prioritaire pour les Espagnols ».

La Commissaire européenne à la pêche, Maria Damanaki, a indiqué quant à elle  que la Commission avait proposé un mandat de négociations pour un nouveau protocole à l’accord de pêche avec le Maroc.

Au-delà de la problématique de la préservation des ressources halieutiques, d’autres considérations viennent compliquer le traitement de ce dossier. A commencer par la crise économique qui étrangle l’économie espagnole.

Des estimations ont évalué les pertes provisoires du secteur de la pêche en Espagne à plus de 300 millions d’euros. A titre de comparaison, la contrepartie versée au Maroc sous l’ancien accord ne dépassait pas les 36 millions d’euros par an !

Zakaria Boulahya


Zakaria Boulahya