Maroc. Production céréalière, sombres perspectives…

 Maroc. Production céréalière, sombres perspectives…

Dans le meilleur des cas


L’agriculture marocaine est dans une mauvaise passe. Nizar Baraka, ministre de l’Economie et des Finances, a en effet annoncé que le Maroc compte importer un million de tonnes de blé tendre entre les mois de mars et mai prochains, parallèlement à l’adoption d’un décret gouvernemental portant sur la suspension temporaire des droits d’importation sur le blé.




 


La décision de Nizar Baraka intervient suite aux perspectives moroses de l’agriculture marocaine, terrassée par des conditions climatiques peu favorables. Le déficit de pluviométrie associé à la vague de froid polaire qui s’est abattue sur le royaume ont fortement compromis les prévisions pour la campagne agricole de cette année.


Dans le meilleur des cas, la récolte de céréales portera sur 20 à 25 millions de quintaux, contre près de 41 millions de quintaux en 2011. Une baisse découlant directement de la perte de 10 000 hectares à cause du gel.


De l’avis de certains professionnels du secteur, l’importation d’un million de tonnes de blé ne sera pas en mesure de couvrir les besoins du pays, la consommation annuelle de blé étant en moyenne de 8 millions de tonnes par an.


Les mêmes craintes émanent des professionnels de l’industrie sucrière. Et pour cause, 78% des surfaces plantées de canne à sucre ont été détériorés, ainsi que 50% des champs de betterave.


Selon Ahmed Ouayache, président de la Comader (confédération marocaine de l’agriculture et du développement durable), « nous devrons importer plus de sucre brut pour compenser la baisse attendue de la production locale, qui ne pourra couvrir que 30% des besoins du pays ». D’autres cultures connaissent la même situation peu enviable, comme les pommes de terre ou certains fruits.


 


Flambée des prix


Si nul doute ne plane désormais sur les perspectives de la campagne agricole de cette année, il est tout aussi certain que cette situation critique ne sera pas sans conséquences sur les finances publiques, déjà mises à mal par un déficit de 6,5% du PIB, un gouffre financier qui n’a pas été observé depuis les années 80.


La situation est d’autant plus tendue que l’agriculture marocaine emploie près de 40% de la population active. Toutefois, la principale source de préoccupation réside dans le contexte international.


En effet, les sévères conditions climatiques observées cette année n’ont pas épargné les principaux pays producteurs de céréales et de sucre. Selon plusieurs experts des marchés mondiaux, 2012 devrait connaître un déséquilibre prononcé entre une forte demande et une offre assez moyenne, avec des conséquences certaines sur les cours mondiaux des denrées alimentaires.


Dans la perspective de cette crise et dans un contexte marqué par les revendications sociales, le gouvernement marocain pourrait n’avoir d’autre choix que d’actionner, une fois de plus, le levier de la Caisse de compensation pour maintenir les prix à des niveaux raisonnables… Mais pour combien de temps ?


Zakaria Boulahya




 

Zakaria Boulahya