Madjid Messaoudene : « C’est l’annonce de lendemains qui déchantent dans les quartiers”

 Madjid Messaoudene : « C’est l’annonce de lendemains  qui déchantent dans les quartiers”

crédit photo : Archives personnelles


Ce conseiller municipal Front de gauche de la ville de Saint-Denis, en charge de la lutte contre les discriminations et de l’égalité femmes-hommes, réagit aux annonces du président Macron en direction des quartiers populaires.


Emmanuel Macron a décidé de tirer un trait sur le plan banlieues de Jean-Louis Borloo. Qu’en pensez-vous ?


Je n’ai pas été surpris. Tout laissait entendre que le plan Borloo ne serait pas repris, car le Président n’aurait pas supporté que l’ancien ministre de la Ville prenne de la lumière. Au final, il a enterré le plan avec une expression sur les “mâles blancs” un peu culottée, puisque c’est lui qui a demandé cette étude. L’intervention d’Emmanuel Macron était vide, il n’a fait que souligner l’envie de l’Etat de vouloir faire confiance aux acteurs associatifs, car ils sont les plus à même de travailler sur le terrain. Sauf qu’il n’y a pas de moyens concrets supplémentaires mis à disposition. Il a choisi d’abandonner les politiques en faveur des quartiers.


 


Qu’attendiez-vous de son intervention ?


Au moins une chose : qu’il annonce que sur les missions régaliennes de l’Etat, il y aurait un rattrapage avant la fin du quinquennat. En matière d’éducation, le Gouvernement est conscient des lacunes, mais n’a toujours pas dit que les enseignants les mieux formés et les plus expérimentés seraient affectés dans les quartiers populaires. On hérite toujours des plus jeunes, qui prennent des points et qui s’en vont – et encore, quand on en a… L’académie de Paris consacre deux fois plus de moyens pour former ses enseignants que celle de Créteil. La capitale a moins de besoins, mais ses professeurs sont plus compétents. C’est la même chose pour la justice : les délais de traitement des affaires d’héritage ou de divorce sont deux fois plus longs qu’à Paris.


 


Pensez-vous que le changement passera par des initiatives comme le Conseil national des villes ?


J’ai peur que ce Conseil ne puisse que constater le manque de volonté politique de Macron. Il y a des gens de qualité en son sein, mais ses rapports vont-ils être pris en compte ? Quels moyens vont lui être accordés ? On va droit dans le mur, et ça annonce des lendemains qui déchantent dans les quartiers. Je suis convaincu d’une chose : il faut que les élites changent. Tant qu’elles seront déconnectées du terrain


et des réalités que nous vivons, persuadées de savoir mieux que les premiers concernés, on continuera avec ce mépris de classes. On est abasourdis par


le manque de considération que porte


le Président aux quartiers populaires. 

Jonathan Ardines