Loi « Asile et immigration » : nouvelle loi, vieux travers

 Loi « Asile et immigration » : nouvelle loi, vieux travers

Campement de migrants dormant sous des tentes sous le métro parisien. Eric Fefeberg/AFP


Depuis le 1er août, le projet de loi « Asile et immigration » a été adopté par le parlement. Les acteurs de l'aide aux migrants regrettent un texte régressif.


 


Plus de fermeté que d'humanité


« Il reste un texte régressif dont l’esprit est dans la droite lignée des politiques qui échouent depuis plusieurs décennies », réagissaient les États généraux des Migrations au lendemain de l'adoption du projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie. Si le gouvernement annonçait la mise en place d'un texte alliant « humanité » et « fermeté », cette loi semble avoir largement penché vers la fermeté.


 


Concertation ?


Le principal reproche des acteurs de terrains travaillant aux côtés des migrants tout au long de l'année est l'absence de concertation pour la rédaction de ce texte. Les États généraux des Migrations regroupent justement des centaines d'associations impliquées au quotidien auprès des personnes migrantes : « Depuis plus de 10 mois, nous sommes plus de 10 000, issus de 1650 associations et collectifs, à nous être concertés pour réfléchir collectivement à des propositions concrètes basées sur l’expérience de terrain. Fin mai 2018, nous avons adopté le “Manifeste des assemblées locales réunies pour la 1re session plénière des États généraux des migrations” ».


 


Principes


« Plutôt que d’essayer de résoudre une “crise migratoire” qui n’existe pas, nous défendons un certain nombre de principes indispensables à une politique migratoire de long terme : accès aux droits fondamentaux pour les personnes migrantes ; respect du droit d’asile effectif… » rappellent les États généraux des Migrations. Durée de rétention administrative allongée, absence d’interdiction de l’enfermement pour les mineurs ou encore maintien du « délit de solidarité », l'urgence de la situation a poussé le gouvernement à tricoter une loi dont la volonté première n'est vraisemblablement pas l'accueil.


Désormais, les différentes associations devront composer avec cette loi pour, malgré tout, offrir dans la mesure du possible un accueil digne. Les États généraux des Migrations en sont persuadés : « l’humanité de demain se construit avec l’accueil d’aujourd’hui ».


Charly Célinain


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