Violence des surveillants de prison : briser l’omerta

 Violence des surveillants de prison : briser l’omerta


Le rapport de l'Observatoire international des prisons (OIP) fait état d'une omerta autour de la violence des surveillants envers les détenus.


Violences physiques


Si l'on sait qu'il existe de la violence dans les prisons, le rapport de l'OIP paru aujourd'hui (3 juin) met le doigt sur un sujet préoccupant. Sur ces deux dernières années, l'OIP indique recevoir en moyenne deux signalements par semaine de violences de surveillants sur les détenus.


Afin de pouvoir quantifier et analyser ce phénomène, pendant un an, une enquête a été réalisée auprès des victimes, des surveillants, des directeurs de prison, des magistrats… Enquête concentrée essentiellement sur les violences physiques perpétrées par des personnels pénitentiaires sur des personnes détenues.


Omerta


Si le rapport confirme qu'il existe bien des violences des surveillants envers les détenus, la question est de savoir pourquoi et comment, elles peuvent rester sous silence et ainsi se perpétuer. L'enquête fait clairement ressortir une omerta autour des violences commises par « une petite minorité d'agents ».


Ainsi les témoins directs, comme les autres surveillants, les personnels soignants et autres, renoncent à dénoncer leurs collègues pour des raisons décryptées dans le rapport : « dans l’environnement compliqué de la prison, leur sécurité comme leurs conditions de travail dépendent d’un équilibre fragile qu’ils peuvent hésiter à bousculer ».


Pour les détenus, dénoncer les violences dont ils sont victimes relève du parcours du combattant : « faut d’abord connaître ses droits, pouvoir déposer plainte, étayer les faits par un certificat médical, des témoignages ou des images de vidéosurveillance… ».


Recommandations


Pour l'OIP, ce problème de violence pourrait trouver un début de solution en « limitant l’usage de la prison », juste en cas de dernier recours. Ceci réduirait « la pression générée par la surpopulation carcérale » et améliorerait les conditions de vie des détenus et conditions de travail des personnels pénitentiaires.


Pour compléter ce rapport, l'observatoire a émis des recommandations à diverses entités pour endiguer ces violences. Des recommandations sont adressées aux autorités gouvernementales dans le but d'obtenir une meilleure transparence sur les violence, en mettant en place un outil statistique et en publiant « des données sur le nombre de poursuites et de condamnations de personnels pénitentiaires pour des faits de violence sur des personnes détenues ».


Pour l'OIP, l'administration pénitentiaire doit également faire preuve de transparence en assurant « l’indépendance et l’effectivité des enquêtes administratives internes ». Mais également au quotidien, de rendre compte et répertorier les situations d'usage de la force. Le but étant de ne plus rendre ses violences invisibles, de rompre le silence.

Charly Célinain