Affaire du décès des nouveau-nés : la commission d’enquête rend ses conclusions

 Affaire du décès des nouveau-nés : la commission d’enquête rend ses conclusions


Les analyses médicales effectuées par la commission d’enquête sur la tragédie du décès de nouveau-nés au centre de maternité et de néonatalogie de la Rabta révèlent l’existence d’une infection bactérienne « d’origine externe », contractée lors de la préparation alimentaire parentérale. Une version officielle lacunaire, qui ne convainc pas totalement une opinion publique toujours en émoi.



Plus d'une heure et treize minutes d'explications n'ont pas suffi à convaincre le parterre de journalistes présents


 


Les résultats de l’enquête, livrés par Mohamed Douagi, président de la commission, lors d’une conférence de presse le 25 avril au siège du ministère de la Santé, n’ont pas non plus été jugés suffisants par les médias présents sur place. Ceux-ci ont ainsi unanimement considéré qu’il n’a pas fourni de réponses exhaustives aux questions des journalistes quant aux parties responsables du décès de 14 nouveau-nés, selon un dernier bilan.


Néanmoins Douagi a précisé que la composition de la commission chargée d’enquêter sur cette affaire est une commission technique et qu’elle a pu accomplir son travail « dans de bonnes conditions », ajoutant que ses membres ont pris le temps nécessaire et examiné « plus de 100 dossiers médicaux de patients » admis au service de néonatologie au cours de la période allant du 4 au 10 mars 2019.


Défaillances en série


Le président de la commission a fait savoir qu’une version plus détaillée du rapport a été remise à la ministre de la Santé ainsi qu’aux autorités judiciaires. Le document, a-t-il dit, fait état de « défaillances au niveau de la gouvernance » en plus du non-respect des règles de stérilisation entrainant le passage de la bactérie (Enterobacter cloacae) dans les poches alimentaires parentérales dans la salle de préparation.


Par ailleurs le rapport a établi un « manque d’encadrement et de formation » parmi les rangs des agents responsables de ce service, affirmant que la plupart d’entre eux se sont refusés aux analyses qui pourraient amener à définir l’origine de l’infection, « tirant profit de leurs rapports privilégiés avec des parties se disant représentatives de syndicats sans lien avec la fédération générale de la santé ».


Douagi a expliqué que le service de néonatologie était en surcapacité, accueillant avant la survenue de ce drame 70 nouveau-nés, alors que sa capacité ne dépasse pas 30 nourrissons…


Le président de la commission s’est abstenu de fournir des réponses aux questions posées par les journalistes quant aux parties responsables des négligences qui sont à l’origine de ce drame, soulignant cependant que la commission a mené son enquête « en toute autonomie et loin de toutes pressions ».


Il a enfin nié l’existence de toxicité dans les équipements médicaux et les médicaments utilisés au niveau du service de néonatologie, notant que l’ensemble de ces médicaments et équipements ont déjà été utilisés dans le même service avant la survenue du drame et qu’ils répondaient aux conditions d’hygiène.


Il a ajouté que la commission a mis à la disposition des autorités judiciaires la totalité de données collectées durant la période de l’élaboration du rapport, allant du 4 mars jusqu’au 17 avril 2019, date de la dernière analyse dans le cadre de l’enquête. Douagi s’est engagé à fournir, dans les tous prochains jours les résultats du rapport aux parents des nouveau-nés décédés, rappelant que la commission qui a regroupé 13 cadres médicaux a coopéré avec la Ligue Tunisienne des droits de l’Homme.


De son côté la ministre de la Santé par intérim Sonia Bechikh a indiqué que l’équipe d’inspection du ministère mène sa propre enquête sur cette affaire, ce qui laisse à penser que l’affaire dite de la Rabta n’a pas fini de livrer de nouveaux éléments.


Après l'indépendance, le développement de la santé publique a été une priorité pour la Tunisie qui dispose à ce jour de 166 hôpitaux et 2.100 centres de santé, selon des chiffres officiels. Mais cet ancien fleuron du pays a été mis à mal par des problèmes de gestion et de financement, alors que la santé privée a prospéré.


 


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Seif Soudani