Tunisie : Chamseddine Marzouk a voué sa vie à enterrer dignement les migrants noyés

 Tunisie : Chamseddine Marzouk a voué sa vie à enterrer dignement les migrants noyés

Ce cimetière sur lequel veille cet homme au grand cœur est un lieu unique au monde qui symbolise le rêve enterré des jeunes inconnus

Nous sommes à Zarzis, dans le Sud de la Tunisie et à 60 Km de la Libye. Sur ces plages, la mer crache régulièrement des corps de migrants morts noyés. Ils tentaient la traversée vers l’Europe.

Chamseddine Marzouk, un ancien pêcheur tunisien a décidé, face à une totale indifférence des autorités, de consacrer sa vie à ces anonymes. Il s’est fixé pour mission d’enterrer dignement ces réfugiés inconnus. Des corps engloutis par la mer et échoués sur ces rivages, sans vie.

Chamseddine Marzouk est volontaire du Croissant rouge. Il fait ce travail depuis deux décennies.  » Nous découvrons des corps en pleine mer ou sur nos rivages, depuis 2003, » explique-t-il.

Chamseddine aimerait leur créer un mémorial

Mais avant la révolution tunisienne, les cadavres étaient enterrés dans des fosses communes. Depuis 2011, les autorités ont décidé de changer de procédure. Chamseddine Marzouk a insisté pour trouver un terrain et aménager un cimetière. Nommé depuis le « Cimetière des Inconnus ».

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Ce cimetière est exclusivement dédié à ces personnes qui ont tant souffert, « dont nous ne savons rien, ajoute Chamseddine, elles méritent une sépulture digne ».

Malgré le renforcement des contrôles et les restrictions de circulation liées à la pandémie du Coronavirus, les flux migratoires vers l’Europe n’ont pas cessé.

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Le nombre des migrants subsahariens a augmenté en raison du chaos qui règne en Libye. Le taux des Subsahariens est passé de 9% en 2017 à 85% ces derniers mois. Des personnes désespérées et facilement manipulables par les réseaux de passeurs et de traite des êtres humains, notamment durant le confinement.

Un nouveau cimetière, le « Jardin d’Afrique »

Chamseddine Marzouk dont le fils, lui-même, a illégalement émigré en Italie, se souvient de chaque dépouille qu’il a enterrée. Aujourd’hui, il mène un deuxième combat, celui d’obtenir des tests ADN pour que ces morts ne restent pas un chiffre parmi d’autres.  Cela demeure en outre le seul espoir pour que des proches puissent un jour retrouver leurs traces.

C’est pourquoi Chamseddine conserve chez lui le peu de documents et d’objets intacts qu’il retrouve sur les cadavres. Il aimerait leur créer un mémorial.

Ce cimetière sur lequel veille cet homme au grand cœur est un lieu unique au monde qui symbolise le rêve enterré des jeunes inconnus. Aujourd’hui ce cimetière compte 400 tombes. La préoccupation principale de Chamseddine pour le moment consiste à trouver un nouveau terrain pour enterrer les  » nouveaux arrivants ».

Ainsi, il enchaine les rencontres avec les responsables municipaux de Zarzis pour trouver un terrain convenable où enterrer les cadavres en toute humanité. Un terrain dont le nom est tout trouvé, le « Jardin d’Afrique ». Il compte le décorer avec des fleurs du continent.

 

Mishka Gharbi